Cet été, Lyon a accueilli sa première salle de cinéma IMAX au Pathé Carré de Soie. Cette technologie unique propose un mode de projection révolutionnaire qui plonge le spectateur dans l’image. La sortie d’Inception, puis d’Avatar édition spéciale, est l’occasion de faire un point sur cette nouveauté.
IMAX : quatre lettres légendaires pour tous les amateurs de cinéma. Cette technologie de projection cinématographique, qui tient son nom de l’abréviation anglaise "image maximum", aura mis longtemps à arriver à Lyon. Dévoilée pour la première fois en 1970, lors de l’exposition universelle d’Osaka, l’IMAX n’a véritablement connu son immense expansion que fin 2009, portée par la sortie d’Avatar. La France n’échappe pas au phénomène et il se murmure qu'une trentaine de salles pourraient rapidement fleurir à travers l'Hexagone.
Plus grand, plus haut
Plus grand et légèrement bombé, l’écran IMAX est aussi plus haut. Alors qu’une salle classique affiche un ratio d’images sur hauteur de 2,35, l’IMAX est proche de 1,80. À l’origine, l’IMAX utilisait le format de pellicule 70 mm, contre 35 pour une projection classique. Particulièrement cher et fragile, le 70 mm avait pourtant l’avantage d’offrir une qualité d’image inédite, dont la résolution équivalente serait de 10 000 x 7 000 pixels, soit sept fois plus importante que celle du 35 mm. Cependant, cette technologie, nécessitant des bobines énormes, limite la durée des films à 2h40. Fin 2009, le réalisateur James Cameron est obligé de raccourcir Avatar pour qu’il convienne aux salles de ce genre.
La régression numérique
Pour résoudre ce problème de durée, la société IMAX, qui gère la technologie, décide de remplacer les anciens projecteurs argentiques par des modèles numériques 2K, d’une résolution de seulement 2048 x 1080 pixels. Le nombre de lignes est identique à celui des projecteurs numériques classiques destinés aux autres salles mais aussi de nos télés LCD et Plasma (d’où le 1080p). Bien que les chiffres ne soient pas comparables, l’IMAX numérique est une véritable régression, par rapport à son ancêtre argentique. L’image est clairement moins bien définie et affiche moins les détails. Cependant, le mode de projection à l’avantage d’être facilement compatible avec la projection 3D. Des projecteurs 4K d’une résolution de 4096 x 2160 pixels pourraient, à terme, remplacer les 2K, mais leur coût risque de freiner les installations.
Le "minimax" Lyonnais
L’IMAX lyonnais n’échappe pas à cette régression numérique, tout en affichant des dimensions largement en-dessous de la moyenne. Alors qu’un écran IMAX standard mesure 22 mètres de large pour 16 de haut, celui de Lyon se contente de 17,90 m sur 9,88 m, soit un manque à gagner de 175 m². Malheureusement, pour des yeux avertis, la projection numérique se fait rapidement ressentir, et l’ensemble manque clairement de piqué (précision et qualité de l'image), de contraste et de luminosité. Par ailleurs, le son est, pour sa part, bien trop fort, bien qu’étant calibré par laser avant chaque séance. La fatigue auditive prend rapidement le pas sur le plaisir. Dès lors, difficile de digérer le prix de la place, proposée au plein tarif de 15 euros pour un film classique comme pour une projection 3D.
En omettant ces détails importants, tout en se concentrant uniquement sur le ressenti lors des séances, un premier bilan s’impose :
Inception : contrairement aux idées reçues, Inception ne fut pas tourné en IMAX, mais simplement adapté et retravaillé pour correspondre au format. Des bandes noires parsèment le haut et le bas de l’image, qui est simplement plus grande. L’immersion est totale, les paysages magnifiques, bien que l’ensemble manque singulièrement de piqué et de définition. La dernière partie fut un véritable calvaire, l’IMAX lyonnais ayant la fâcheuse tendance à laisser entrevoir les imperfections de la toile destinées à la diffusion du son lors des scènes enneigées. L'impression de voir des taches sur les scènes suffit à sortir le spectateur du film.
Avatar édition spéciale : La 3D est parfaitement gérée. La technologie relief, dite passive, permet d’avoir des lunettes moins lourdes sur la tête, dont les verres ont la particularité d’être aussi hauts que larges. Là encore le manque de piqué fait défaut, tout en étant accentué par la baisse de luminosité engendrée par le port des lunettes. Pourtant, l’immersion est totale et l’on voyage sur Pandora avec plaisir. Conseil au futur spectateur : ne vous mettez pas trop loin de l’écran pour vivre l'aventure de l'intérieur.
Les bandes annonces : sans doute la bonne surprise des deux projections : la bande annonce du film d'animation Le royaume de Ga'Hoole et ses chouettes guerrières fut un véritable enchantement pour les yeux. Lumineuses, contrastées et très bien définies, les images sont d'une beauté sans commune mesure. L'IMAX numérique convient parfaitement aux longs métrages d'animations. Seul gros bémol : il est toujours aussi désagréable de payer 15 euros pour subir un long tunnel de publicités de presque 20 minutes avant le début du film. Non conçues pour une taille d'écran si grande, les vidéos sont pixelisées et désagréables à regarder.
Verdict
Au final, l’IMAX lyonnais a du mal à convaincre les plus exigeants, habitués à une qualité toujours plus impressionnante. L'argument marketing d'une "image plus pure" n'a plus aucune raison d'être depuis que les salles normales s'équipent, elles aussi, en projecteurs numériques. Cher et relativement petit, l’IMAX locale ne s’imposera véritablement que pour des films 3D, tournés uniquement à destination de ce format, comme Avatar et des longs métrages d'animations. Tant que les projecteurs seront de simples 2K, l’expérience aura toujours une sensation amère pour tous ceux qui ont déjà goûté l'ancienne version argentique. Bienheureux sont les ignorants, ils se régaleront sans hésitation, même si le prix de la place pourrait bien les rendre rapidement plus critiques.