Le film Shooting Dogs sera projeté à Villeurbanne ce mardi 6 mai à 20h15. Suivra un débat avec deux associations qui militent pour le souvenir des victimes et faire la lumière sur les rôles troubles de la France et de l’Onu.
Le Rwanda commémore actuellement les 20 ans du génocide qui a ensanglanté ce pays de la région des Grands Lacs en Afrique. En 100 jours de cette année 1994, plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés y avaient été assassinés par les extrémistes hutus. À Villeurbanne, dans le cadre de cette période de souvenir, le cinéma Le Zola projette Shooting Dogs de Michael Caton-Jones.
Shooting Dogs aborde le drame sous le prisme de deux Anglais, gérant une école dans laquelle se réfugient (en vain) des milliers de Tutsis. L’attentisme de l’Onu lors de cette période est au cœur de l’intrigue. Le film, bien que fictif, se révèle particulièrement réaliste par sa brutalité et l’humanité des personnages. Une impression renforcée par la présence au scénario de l’ancien journaliste David Belton, qui était au Rwanda au moment des faits, pour BBC News.
Une commémoration qui ne fera pas l’impasse sur le rôle de la France
La projection sera suivie d’un débat avec les deux associations qui ont sollicité Le Zola pour organiser cette soirée : Survie Rhône et Ibuka Rhône-Alpes. La première, militant contre la Françafrique, a lancé une pétition pour la “déclassification des documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda entre 1990 et 1994”. La seconde est une association de rescapés qui œuvre pour la mémoire du génocide des Tutsis.
Selon Sandrine Dias, du cinéma Le Zola, le choix d’une fiction pour aborder un sujet sensible s’explique par la volonté de toucher un public large : “L’objectif est avant tout d’assurer la mémoire du génocide et de faire parler ceux qui l’ont vécu.”
Pour l’association Survie, cette commémoration passe aussi par l’explication du génocide. Et donc de l’implication de la France. Une position plus politique, que Julien Vetter explique ainsi : “Survie est claire sur le rôle de la France au Rwanda. Nous parlons de complicité. Shooting Dogs permet de montrer le rôle de l’Onu et l’absence de la communauté internationale au Rwanda en 1994. Mais, durant le débat après le film, nous aborderons la responsabilité de la France.” Selon sa collègue Élodie Dargaud, qui animera l’échange avec le public, “Shooting Dogs ne montre que très peu la France. On y voit seulement l’opération Amarilis, qui est venue en aide aux ressortissants européens en abandonnant les populations locales à leur sort”.
La projection sera donc l’occasion d’aborder le génocide par le prisme des associations et des victimes, loin des polémiques diplomatiques entre les régimes français et rwandais.