Coldwater : attention à la douche froide

CRITIQUE – Dans Coldwater, son premier long-métrage, Vincent Grashaw s’attaque à la torture et aux camps de redressement pour mineurs qui existent en Amérique. Le résultat : un film troublant et éprouvant.

Un jeune homme dort dans sa chambre. Deux officiers s’approchent prudemment de son lit. Lorsqu’il ouvre les yeux, il est déjà trop tard. Il se retrouve par terre, menotté, et bientôt dans une fourgonnette. Sa mère observe la scène en pleurs. Leurs regards se croisent. Elle lui lance un timide “Je t’aime” lorsque claque la porte de la fourgonnette. Cette première scène donne le ton du film de Vincent Grashaw : intense et violent.

Brad, le jeune homme découvert dans la scène d’ouverture, est emmené dans un camp de redressement pour mineurs. Il se confronte très vite au directeur de l’établissement, l’ancien marine Frank Reichert, aux méthodes très contestables. Dans ce camp nommé Coldwater, le jeune Brad verra les choses les plus horribles : la torture et l’injustice.

Éprouvant

Vincent Grashaw ne nous ménage pas : le suspense et les rebondissements sont légion dans ce thriller indépendant. Regarder un film comme celui-ci est une véritable épreuve : violence gratuite, humiliations, gardiens plus sadiques les uns que les autres… tout est montré plein écran. Le pari est risqué : le film, à certains moments, pèche par excès de violence.

Surtout, Grashaw nous conte l’histoire de ce jeune Brad au travers de flashbacks. Il sous-entend que, quelles que soient les erreurs (dramatiques) que l’on a pu faire, rien ne peut justifier un tel enfer. Joué par la révélation de ce film, PJ Boudousqué, Brad devra donc sortir de ce camp. Quitte à prendre encore des coups.

Réaliste

Acte militant, Coldwater fait le pari de la pédagogie, surtout envers les parents. Même si l’histoire est purement fictionnelle, le film n’en est pas moins réaliste. Des camps comme ceux décrits par le film existent encore aux États-Unis. De nombreux jeunes sont morts dans ces camps depuis les années 1980, et aucune loi fédérale ne s’est attaquée à la question.

Avec ce film, Vincent Grashaw espère changer les choses. Mais il ne souhaitait pas verser dans le pathos et la moralisation : pour écrire ce premier scénario, il a pris le temps de rencontrer les personnes concernées, anciens détenus, parents ou encore gardiens. Dans Coldwater, Vincent Grashaw, pionnier, montre la face cachée d’un rêve américain de plus en plus dépassé.

 

Coldwater, de Vincent Grashaw, 1h44. Avec P.J. Boudousqué, James C. Burns, Chris Petrovski. Sortie en salles le 9 juillet 2014.

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