Le compositeur Brett Dean, associé à l’Auditorium pour deux saisons, fait son entrée en scène coiffé d’une double casquette : c’est lui qui dirigera l’Orchestre national de Lyon pour le concerto L’Empereur de Beethoven placé ici en miroir avec sa propre composition pour piano et orchestre.
On a hélas peu eu l’occasion encore de découvrir la musique de Brett Dean puisque plusieurs de ses œuvres programmées en fin de saison dernière ont succombé aux annulations relatives à la crise sanitaire du printemps. Il n’est pas trop tard cependant pour se familiariser avec la musique de cet Australien de 58 ans, et voilà que l’Auditorium met au programme de ce début de saison son concerto pour piano Gneixendorf Music, a Winter’s Journey qui sera présenté ici en création française.
Ni trop vieux, ni trop jeune, ni ringard, ni par trop hermétique dans son langage, Brett Dean est ce qu’on pourrait appeler un compositeur “rassurant”. Du contemporain abordable qui sait faire “sonner” l’orchestre sans se priver d’un certain lyrisme ou de couleurs tonales… Également altiste – il officie de 1985 à 1999 au sein du prestigieux Orchestre philharmonique de Berlin – Dean décide il y a une vingtaine d’années de se consacrer à une carrière indépendante de compositeur mais également de chef d’orchestre puisqu’il dirige régulièrement – et notamment ses œuvres.
C’est certainement de ces différentes casquettes que lui vient une aisance pour l’écriture orchestrale et pour les instruments à cordes.
Écolo responsable
Il se distingue également par une prise en compte dans son œuvre des thématiques sociétales qui traversent son époque comme les problèmes environnementaux (un grand classique aujourd’hui) dans Water Music et sa Symphonie pastorale ou encore en critiquant dans Vexations and Devotions les absurdités d’une société moderne obsédée par l’information.
Un compositeur dans l’air du temps, donc. Ce qui ne l’empêche pas de rester un grand amoureux de Beethoven. Son Concerto pour piano est, à ce titre, une réponse au Concerto n° 5, en mi bémol majeur (surnommé L’Empereur) du maître autrichien. En vingt-cinq minutes de dialogue instrumental, Dean fait allusion et tente d’évoquer le séjour difficile que fit Beethoven – alors atteint de surdité et rongé par la solitude et les problèmes familiaux – chez son frè̀re à Gneixendorf.
C’est le pianiste Jonathan Biss qui interprétera ces deux œuvres “jumelles” sous la direction de Brett Dean lui-même qui remplace au pied levé la cheffe Gemma New, initialement prévue au programme mais contrainte d’annuler sa venue du fait du contexte sanitaire encore incertain.
Une belle occasion cependant de découvrir le compositeur multi-talents sous toutes ses facettes, à la fois à la composition et à la direction d’orchestre – en attendant ses prochaines interventions plus tard dans la saison.
L’Empereur, Brett Dean – Samedi 3 octobre à 18 h, à l’Auditorium. www.auditorium-lyon.com