Allah-Las
© Nolan Hall

Concert : Allah-Las, soleil californien à Feyzin

Venus de Californie pour délivrer la bonne parole ancienne de la surf 60s, les Allah-Las sont un de ces trucs qu’on n’arrive pas à lâcher dès lors qu’on a mis le pied dedans. Auteur du meilleur album de 1968 sorti en 2014, le quatuor (re)vient enfumer et enflammer la scène de l’Épicerie Moderne vendredi. Chemise à gros col exigée.

Non, Allah n’est pas las, il n’est pas fatigué. Il ne faut d’ailleurs voir aucun rapport avec une quelconque religion dans le nom de ce groupe venu de Californie – qui fait en réalité référence au girl band Shangri-Las. Ou alors si, une. Peut-être deux.

Celle consistant à “adorer le soleil”, comme l’indique le titre de leur dernier album, Worship the Sun, ce qui n’a jamais fait de mal à personne (à condition d’être muni d’une crème pare-feu indice 1000). Celle aussi consistant à célébrer la musique psychédélique 60s en général et la surf music en particulier. Vous savez, ce genre rock initié par des types qui pour la plupart n’avaient jamais mis les pieds sur une planche mais que la présence concomitante du soleil qui tape justement, d’abondance de bière et de filles en bikini – et parfois, souvent même, d’un petit supplément de substance dont la morale ET la médecine réprouvent la consommation – ont conduit à faire une musique inspirée quoique brouillonne et paresseuse. Car, avec la surf music, on n’est pas à un paradoxe près.

Avec ce genre de groupes que sont les Allah-Las non plus d’ailleurs, celui-ci s’inscrivant dans une belle et (trop ?) longue lignée de groupes revival dont on pourrait penser qu’à force de regarder dans le rétroviseur ils vont finir dans le fossé de l’oubli. Ce sera peut-être le cas des Allah-Las, mais pour l’heure ça n’en prend pas le chemin.

Summers of love

Ces types, on les avait déjà croisés brièvement, déjà à l’Épicerie Moderne, il n’y a pas tout à fait deux ans, en première partie de Nick Waterhouse, autre grand revivaliste qui s’est piqué de devenir leur mentor. Déjà, ils attiraient l’attention avec leur son 100 % vintage et leurs guitares carillonnantes rappelant les débuts de ces foufous pas si dangereux de Brian Jonestown Massacre. Un morceau notamment, Catamaran, comme un surf collectif, emportait loin, loin, comme un bohémien.

Depuis, donc, il y a eu ce Worship the Sun, ce salut au soleil qui réchauffe les os et rajeunit l’âme jusqu’à l’époque des Trente Glorieuses californiennes, jusqu’au Summer of Love pluriel. Il y a le single 501-415 puis, même si situé juste avant sur leur album, ce Follow You Down mou des jointures mais pétaradant de sensualité j’m’en-foutiste parce qu’elle fait semblant de s’ignorer. Un truc à se coller dix fois par jour derrière l’oreille, au risque de choper l’envie de ne plus rien faire d’autre de sa vie. Ou du moins, tant qu’elle durera, de la vie de ce groupe qui nous délivre ses versets en vrac comme on jette des fleurs, à attraper au vol, dans une atmosphère western-bikini, cow-boys plagistes d’un autre âge mais d’or.

On ignore si ces petits frères d’Anton Newcombe et de son Brian Jonestown Massacre connaîtront la même (r)évolution copernicienne que leurs aînés, mais pour l’instant on les prend comme ça. Car, comme disait (ou presque) ce bon vieux Vialatte, c’est ainsi qu’Allah-Las est grand.

Allah-Las – Vendredi 20 février à 20h30, à l’Épicerie Moderne, Feyzin.
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