En écho à la symphonie “Pastorale” de Beethoven, l’Auditorium nous invite à la création d’une œuvre contemporaine signée Brett Dean qui aborde la question écologique.
Plus que jamais, l’écologie gagne les consciences. Si aujourd’hui les discours politiques ne peuvent faire l’impasse sur le problème du réchauffement climatique et de la destruction de l’écosystème nécessaire à la vie humaine, l’écologie s’invite jusque dans l’art où fleurissent séries TV et longs métrages tirant la sonnette d’alarme.
C’est au tour de la musique contemporaine de s’y coller avec cette création de Brett Dean. L’Australien est depuis plusieurs saisons “compositeur associé” de l’Auditorium-Orchestre national de Lyon mais ses créations, programmées lors de la saison dernière, ont été compromises par la pandémie.
Également altiste – il officie de 1985 à 1999 au sein du prestigieux Orchestre philharmonique de Berlin –, Brett Dean décide il y a une vingtaine d’années de se consacrer à une carrière indépendante de compositeur mais également de chef d’orchestre (il dirige notamment fréquemment ses propres œuvres).
“Quel plaisir de pouvoir errer dans les bois, les forêts, parmi les arbres, les herbes, les rochers”. Beethoven
Si son langage n’est pas des plus déstabilisant et s’inscrit dans une esthétique encore empreinte de tonalité, il se distingue également par une prise en compte dans son œuvre des thématiques sociétales qui traversent son époque, comme les problèmes environnementaux ou encore en critiquant dans Vexations and Devotions les absurdités d’une société moderne obsédée par l’information : un compositeur dans l’air du temps s’il en est.
Après son Water Music, qui abordait déjà le thème de l’écologie, cette nouvelle œuvre à la fois chorale et symphonique, est, selon les mots du compositeur, “une célébration darwiniste, évolutionniste de la création”, le pendant de la vision biblique de Joseph Haydn dans son oratorio La Création. In this Brief Moment, An Evolution Cantata se présente pour Dean comme “l’occasion de nous émerveiller de ce qui a été, de ce qui est et de ce qui pourrait bien être perdu”.
Une ode à notre planète, donc, qui fait écho aux œuvres naturalistes du passé telles que la symphonie n° 6 “Pastorale” de Ludwig van Beethoven (dont Dean est un fervent amoureux). “Quel plaisir de pouvoir errer dans les bois, les forêts, parmi les arbres, les herbes, les rochers”, confiait Beethoven en son temps : des mots qui résonnent d’une manière bien étrange à la lumière des problématiques actuelles…
Quoi qu’il en soit, force est de constater que l’association de ces deux œuvres a quelque chose d’évident, “naturel”… et sera l’occasion d’un casting haut de gamme puisque l’ONL, dirigé par Markus Stenz, sera associé au chœur Spirito, au Jeune Chœur Symphonique sans compter les deux solistes (Siobhan Stagg, soprano et Patrick Terry, contre-ténor) et Thierry Escaich à l’orgue. Qui dit mieux ?
Et l'Auditorium a prévu une "feuillées" pour les toilettes !