Non qu’on en ait forcément besoin (pourquoi faudrait-il systématiquement remplacer les disparus ou trouver des successeurs aux grands hommes ?) mais, depuis le temps qu’on cherche un nouvel Alain Bashung – en assistant notamment aux efforts louables mais pathétiques d’un Raphael pour se glisser dans ces bottes beaucoup trop grandes –, on s’est quand même plus tapé sur les cuisses que rabattu des poils de bras trop hérissés. Sauf qu’on n’avait pas vraiment fait attention à Bertrand Belin.
Lequel, avec son enchaînement diabolique Hypernuit-Parcs (respectivement 3e et 4e albums) s’est posé comme un bel oiseau sur la lande désolée de feu l’Alsacien. Avec ceci de particulier que ressembler au Bashung à gros bec est probablement le cadet des soucis du Belin. Il en est pourtant l’espèce de chanteur qui s’en rapproche le plus. “Espèce de chanteur” car, comme son aîné, on ne peut pas dire que Belin soit vraiment un... chanteur, au sens strict du terme. Il est à la fois moins et plus que cela, plus corbeau enroué que coucou, quoi.
Comme l’interprète de La nuit je mens, Belin ânonne à la manière d’un Johnny Cash sans le sou, décharné, de drôles de compositions musicales et littéraires qui puisent profond dans l’âme humaine et ont les os qui craquent. Cette année nous a déjà donné l’occasion de le louper deux fois à Lyon (ou aux abords de...). Migrateur, l’oiseau de nuit Belin revient. S’agirait de réserver sa soirée.
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Bertrand Belin. Vendredi 18 octobre, à 20h30 à l’Épicerie Moderne, place René-Lescot, Feyzin.