Une plume de plus en plus acérée, une voix d’ange. C’est Buridane, chanteuse-compositrice lyonnaise à la “Barje endurance”. En concert ce mercredi salle Paul-Garcin.
Il y a cinq ans, sur son premier album, la Lyonnaise Buridane s’affirmait Pas fragile, mais sans doute plus légère qu’aujourd’hui, donc offerte aux quatre vents de la vie, qui peuvent vous envoyer valdinguer de maladresse. Comme sur ce single en forme de malentendu, Badaboum, ritournelle virevoltante qui donna à la chanteuse une identité qui n’était peut-être pas tout à fait la sienne – du moins si l’on omettait d’en écouter correctement les paroles. On nous disait “Pas fragile”, on oubliait le “pas”.
Éclosion
Au fond, avec Barje endurance, son deuxième album, Buridane n’a peut-être pas changé tant que ça. Ce qui ne l’empêche pas de poser d’emblée La Transition (en vidéo ci-dessous) qui ouvre son album comme l’affirmation d’une mue personnelle, mais pas que. Un titre parlé à la facture hypnotique, dont le texte frappe autant au cœur que la montée des percussions qui l’accompagne, provoquant moins une explosion qu’une éclosion. Celle d’une chanteuse qui sait s’adosser à la douleur et à la tristesse, aux sentiments parfois mauvais (la jalousie, le mensonge), pour en extraire une poésie d’une résiliente beauté. Buridane est une jeune femme qui entre l’ombre et le soleil ne choisit pas (elle ne s’appelle pas Buridane pour rien) car ce sont là les deux faces de l’âme, ce puits sans fond qu’elle explore avec bonheur autant que gravité (“Je suis faite de crevasses et d’éclaircies”, chante-t-elle dans une énumération de paradoxes sur Le Phénix et la Cendre). Comme si ces deux notions se repoussaient comme l’envers des aimants, l’envers des amants. C’est là le talent d’une plume de plus en plus acérée que sa voix d’ange abat sur l’auditeur à coups de slam ou de chant caressant. Mais aussi d’une compositrice qui s’est colletée pour la première fois aux arrangements de ses morceaux – et avec quelle finesse (Mauvais sort) ! – tout en ayant l’intelligence de s’accompagner d’un génial accoucheur à la réalisation, Cédric de la Chapelle (The Ginger Accident), pour livrer un disque dont les barjes circonvolutions demandent de l’endurance à un auditeur tout disposé à en accueillir les complexités.