Le pianiste Alexandre Tharaud a décidément plus d’un tour dans son sac. Si la richesse et la diversité de son répertoire en témoignent, ce week-end en forme de carte blanche que lui consacre l’Auditorium dessine le portrait d’un artiste multi-facettes.
Concertiste à la renommée internationale, Alexandre Tharaud n’est pas ce qu’on pourrait appeler un artiste monomaniaque, tant s’en faut ! Au fil d’une carrière riche en rebondissements, le pianiste se distingue de ses pairs par sa personnalité voyageuse et des choix singuliers. Celui qui, à 54 ans, refuse d’avoir un piano chez lui, préférant aller travailler chez des amis, rejoint par certains traits une autre grande figure du piano… À l’instar du génie iconoclaste, Glenn Gould, Tharaud s’illustre en effet à travers ses interprétations au piano de musiques initialement composées pour clavecin. Convaincu que “l’authenticité ne passe pas forcément par un instrument donné”, il nous livre, dès 2001, un enregistrement fabuleux consacré à Jean-Philippe Rameau (Nouvelles Suites). Là où les pianistes classiques ne s’aventurent en terrain baroque que via Bach ou Scarlatti, Tharaud pousse le bouchon un poil plus loin, n’hésitant pas à enregistrer, dans le sillage de son Rameau, un disque consacré aux pièces de clavecin de François Couperin baptisé Tic, Toc, Choc (du nom d’une pièce emblématique du compositeur).
À cette particularité s’ajoute son amour de la musique française du XXe siècle et de compositeurs comme Poulenc, Chabrier, Milhaud, Satie et, bien sûr, Maurice Ravel, à qui il offre une intégrale de L’Œuvre pour piano au disque en 2003 chez Harmonia Mundi.
Nulle surprise donc que le point d’orgue de ce week-end sur mesure réside dans son interprétation du Concerto pour la main gauche du compositeur en compagnie de l’Orchestre national de Lyon dirigé par David Afkham.
In bed with Alexandre Tharaud
La surprise sera pourtant bien au rendez-vous, et notamment le vendredi soir avec cette soirée intitulée “Une nuit avec Alexandre Tharaud”. Un programme en deux parties qui verra le public découvrir une autre facette du pianiste. Auteur de deux livres – Piano intime (2017) et Montrez-moi vos mains (2013) –, le concertiste délaissera l’instrument pour nous distiller des lectures de ses textes qui trouveront un prolongement avec des extraits des Suites pour violoncelle de Bach, interprétées pour l’occasion par le violoncelliste solo de l’ONL, Nicolas Hartmann. Encore plus originale, cette seconde partie où le public, allongé sur scène autour du pianiste, se verra prodiguer une petite séance de sophrologie puis de la musique, au piano, entre deux poèmes intimistes…
Il manquait un registre important pour Tharaud au programme du week-end et c’est son amour de la chanson française qui sera à l’honneur le dimanche. Tharaud n’a jamais caché sa fascination pour la chanteuse Barbara – à qui il consacre même un album en 2017, en compagnie d’une belle brochette d’invités prestigieux (Jane Birkin, Dominique A, Vanessa Paradis, Juliette Binoche, Camélia Jordana, Luz Casal, Bénabar, Rokia Traoré, Juliette…). C’est ici en compagnie de la chanteuse franco-béninoise Angélique Kidjo qu’il rendra hommage, en duo, à cette autre passion. Au programme, un siècle de répertoire allant de Joséphine Baker à Dominique A, en passant par Piaf, Barbara, Gainsbourg, Nougaro ou Bashung, au long d’un récital dont le pianiste apportera également une pierre de touche à travers ses propres arrangements originaux pour piano et chant.
Week-end Alexandre Tharaud – Du 21 au 23 avril, à l’Auditorium