L’Auditorium de Lyon nous propose une “soirée Strauss”, où l’on pourra notamment entendre ses quatre derniers lieder, considéré par beaucoup comme son chef-d’œuvre.
C’est à 84 ans que le compositeur allemand Richard Strauss signe ce que beaucoup considèrent comme son chef-d’œuvre. Non pas une, ni deux, mais quatre “chansons” (Lieder en allemand) composées comme des œuvres à part entière. La postérité choisira pourtant de les unir en un seul opus (TrV 296) envisagé comme son testament musical.
L’invention plutôt que la tendance
À une époque (1948) où les compositeurs explorent de nouvelles voies, notamment l’atonalité chez l’école viennoise, Strauss se fiche de la tendance, continuant de sonder les tréfonds d’une tonalité qu’il pousse dans ses retranchements. Usant du chromatisme pour brouiller les pistes qui jamais chez lui ne cèdent à la convention, il parvient à un raffinement suprême tant dans les harmonies que dans une orchestration au-delà de toute comparaison. Les mélodies quant à elles demeurent d’une pureté exemplaire, là où la concurrence de l’époque s’embourbe dans la recherche de nouveaux canons mélodiques donnant souvent lieu à des parties chantées laborieuses et alambiquées.
Richard Strauss s’applique au conservatisme car il sait que sa démarche s’en éloigne tout autant que celle de ceux qui se proclament de l’avant-garde. Il suffit d’écouter attentivement ses quatre derniers lieder pour saisir toute l’invention et la modernité qu’ils recèlent (encore aujourd’hui).
Repris par Kubrick
Richard Strauss s’éteint un an plus tard, laissant derrière lui un catalogue sans faille et sans doute les opéras les plus intelligents de l’histoire. Ses poèmes symphoniques demeurent quant à eux un genre de symbole de l’expressivité symphonique.
Vingt ans plus tard, un réalisateur américain du nom de Stanley Kubrick rendra un double hommage à Strauss et Nietzsche en utilisant le premier mouvement du poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra (composé d’après le poème philosophique du même nom) pour illustrer la scène où l’australopithèque découvre l’usage de l’outil (de l’arme ?), image qui renvoie au concept du surhomme chez Nietzsche.
Vous l’aurez deviné, c’est une “soirée Strauss” que nous propose l’Auditorium en rassemblant ses quatre derniers lieder, une Symphonie alpestre et le Concerto pour hautbois en compagnie de Leonard Slatkin aux manettes, de la soprano Malin Byström et du hautboïste Jérôme Guichard.