Les 24 Caprices pour violon solo de Paganini sont un passage obligé pour les violonistes. Ce vendredi, c’est Thomas Zehetmair qui nous les offre, à l’Auditorium de Lyon.
Une performance…
Les 24 Caprices pour violon solo de Nicolò Paganini sont sans doute, avec les six sonates et partitas de Bach, l’œuvre pour violon seul la plus populaire et appréciée du public, pour son caractère brillant et direct. La virtuosité requise pour son exécution ne fait qu’amplifier la dramaturgie : un interprète seul sur scène, sans filet, tel un gladiateur face à l’exigence technique inouïe d’une œuvre qui consiste en un catalogue des différentes techniques violonistiques de l’époque (chacune poussée à bout comme dans une quête d’absolu). On est bien ici dans le cadre de la performance, auquel s’ajoute volontiers la dimension mystique du dépassement de soi. Paganini lui-même appartenait à la catégorie des “performeurs”, n’hésitant pas à amplifier tel affect, surjouer tel effet… On raconte qu’il était capable, afin de séduire son élue d’un soir, d’articuler au violon son prénom, distinctement, si bien qu’elle s’y reconnaisse.
… intime
Passage obligé pour tout violoniste virtuose, ces Caprices ont été trop souvent considérés par le public et les interprètes comme un simple “tour de force” dont il suffit d’aligner les notes avec brio pour récolter une pluie d’applaudissements… Là où la musique devient parfois un sport, le violoniste allemand Thomas Zehetmair évite savamment l’écueil pour entrer dans l’intimité des Caprices. Dépassant la démonstration de virtuosité, ce chambriste aguerri et chef d’orchestre inspiré en révèle la poésie, la filiation baroque et le potentiel romantique… Une lecture à la fois sibylline et forçant l’évidence, de la part d’un violoniste visionnaire.