L’un des violonistes les plus prisés actuellement est à Lyon pour deux soirées.
Avec sa gueule de premier de la classe et son air de jeunot, le bientôt quinquagénaire Joshua Bell poursuit une carrière sans tache. À l’excellence de son jeu, il faut ajouter quelques “rendez-vous” médiatiques qui ont fort contribué à sa célébrité.
C’est ainsi lui qui a enregistré la bande originale du blockbuster Le Violon rouge, composée par John Corigliano (oscar de la meilleure musique de film en 1999).
Mieux ! Le 12 janvier 2007, il se prête à une expérience menée par le Washington Post.
L’anonyme du métro
Tôt le matin, à une heure de pointe, Joshua Bell fait la manche 45 minutes durant dans le métro de Washington, pour ne récolter que quelques piécettes de la part de passants pressés et indifférents.
Pas d’applaudissements, nulle réaction, personne ne se doute qu’une superstar joue devant eux et que son violon (un Stradivarius de 1713, le Gibson ex-Huberman) a été acheté quelques années auparavant 3,5 millions de dollars ! Eh oui, quand on n’explique pas aux gens que la beauté et le talent sont là, ils ne le voient pas.
Cette conclusion un peu réductrice et condescendante a le mérite de pouvoir être analysée de plusieurs façons. Et si c’était l’exposition et la valeur marchande (les places vendues deux jours plus tôt pour son récital coûtaient 100 dollars) qui rendaient l’œuvre d’art précieuse – et par conséquent prisée – aux yeux du public ?
Réjouissons-nous tout de même que le violoniste n’ait pas été immédiatement reconnu, quelqu’un serait peut-être parti en courant avec son violon, privant le virtuose de son modeste outil de travail. Et allons écouter Joshua Bell dans une Fantaisie écossaise de Max Bruch puisque l’Auditorium nous y invite, en compagnie de l’ONL et de son chef Leonard Slatkin. Plus cher qu’un ticket de métro, mais vous ne resterez pas indifférents !