Kevin Morby débarque à l’Épicerie avec sa scie chantante.
Coincé quelque part entre le fantôme de Lou Reed et l’ombre étouffante de Bob Dylan, Kevin Morby ne l’est pas resté longtemps, coincé. Car ce n’est pas en restant coincé qu’on écrit d’aussi belles et simples – et quand même sophistiquées – mélodies indie-folk (dont l’évidence rappelle avec insolence les deux patriarches précités, c’est bien vrai).
Débarrassé de toutes ses chansons de jeunesse sur ses deux précédents et prodigieux albums, Harlem River et Still Life, le bassiste de Woods (ses compositions sont d’ailleurs typiquement celles d’un bassiste, exploitant toutes les possibilités mélodiques de l’instrument rythmique) est revenu frais comme un gardon avec Singing Saw, sublime collection de ballades avec un caillou dans la chaussure. La “scie chantante”, comme un clin d’œil reedo-dylanien.