Les Zombies ont toujours faim. N’importe quel amateur de films d’horreur vous le dira… et n’importe quel fan du plus injustement oublié des grands groupes anglais, qui, malgré l’âge, multiplie les tournées triomphales. Les Zombies, un modèle de reformation réussie.
On pensait les Zombies reformés uniquement pour jouer ad vitam æternam leur Odessey & Oracle de 1968, comme ils le feront mercredi au centre culturel Charlie-Chaplin. Mais la bande de Rod Argent et Colin Blunstone vient de publier Still got that Hunger. Après tant d’années et à leur âge, le résultat est surprenant. Même si, après près de cinquante ans, on reconnaît toujours la morsure Zombies.
Back to the 60s
1968, outre les événements mondiaux qu’on connaît, fut l’une des grandes années de la pop mondiale. Certes, elle succédait à trois glorieuses pas piquées des scarabées : 1965, avec Highway 61 Revisited et Bringing it all back home (électrification de Dylan) et Rubber Soul (Beatles), 1966 avec Revolver (Beatles), Pet Sounds (Beach Boys) et Blonde on Blonde (double chef-d’œuvre dylanien) et surtout 1967 avec Sergent Pepper, le premier Velvet, The Doors, Are You Experienced (Hendrix), le Piper du Floyd, etc.
Mais 1968, c’est l’album blanc (toujours les Beatles), Astral Weeks de Van Morrison, Electric Ladyland (Hendrix), Beggars Banquet (Stones), White Light White Heat (Velvet again), le Village Green des Kinks, Music from Big Pink du Band.
Populaires, auteurs de singles marquants, il faut ajouter à cette liste taillée pour les séjours en île déserte les Zombies et leur petite merveille produite et enregistrée en l’année embouteillée de génie 1967 : Odessey & Oracle.
L’odyssée d’un chef-d’œuvre
Quand Odessey & Oracle sort, en 1968, les Zombies sont séparés. Tuant dans l’œuf un succès dont profitent de manière surréaliste, face à la demande de live, de “faux” Zombies ayant senti le filon. L’un des morceaux de l’album s’intitule This will be our year. Cette “année”-là viendra plus tard, le groupe trustant les classements de meilleurs albums de l’histoire, puis par des reformations tardives mais efficaces. C’est qu’il faut bien se rendre à l’évidence : malgré la coquille typographique, Odessey & Oracle ne souffre aucune approximation.
C’est un chef-d’œuvre de pop baroque, entre Kinks, Love et Beach Boys, porté par les immortels Time of the Season et Hung up on a Dream et la voix d’archange de Colin Blunstone. Un bijou que ce problème de timing et la concurrence féroce évoquée plus haut éclipseront un peu. La réhabilitation n’en sera que plus grande.
More vivants
Aujourd’hui, malgré l’âge et leurs airs de vieux oncles ringards, ils multiplient les tournées triomphales et sont un modèle de reformation réussie. Pas suffisant pour convaincre les fans intransigeants ? N’empêche que la curiosité l’emporte et le joli clin d’œil d’une première partie prise en charge par le groupe lyonnais Odessey & Oracle, admirateur, héritier mais pas imitateur, boucle la boucle d’une soirée qui s’annonce quoi qu’il arrive exceptionnelle.
Pour une fois que des Zombies arrivent en ville et qu’on ne doit pas partir en courant, ne nous en plaignons pas et réécoutons cette Odessey épique, oracle de tout un pan de la pop, trop longtemps et souvent mésestimé.