Atypique mais tellement logique, la carrière de la contralto Nathalie Stutzmann s’impose comme une évidence. Récital Haendel, ce mardi à la chapelle de la Trinité, pour en attester.
Née de parents tous deux chanteurs lyriques, Nathalie Stutzmann étudie de manière approfondie le piano, le basson, la musique de chambre et la direction d’orchestre (rien que ça !) parallèlement au chant, qui la révèle bientôt au public.
Chaleur et justesse
Aussi à l’aise dans le répertoire baroque que romantique, avec cette voix de contralto (la plus grave du registre féminin) dont la chaleur de timbre n’a d’égale que la justesse de ses interprétations, elle se spécialise néanmoins dans les répertoires “précoces” (baroque et classique), passant allègrement des rôles d’homme permis par sa tessiture aux airs d’alto féminins.
Une chanteuse chef
Nathalie Stutzmann s’illustre également en tant que chef d’orchestre, fondant son propre orchestre de chambre, Orfeo 55, jouant aussi bien sur instruments modernes que baroques en fonction du répertoire abordé. Une entreprise couronnée de succès puisque l’ensemble sillonne les routes et les festivals de France et de Navarre, signant un contrat pour le disque avec Deutsche Grammophon*.
Il est assez stupéfiant de voir la chanteuse diriger l’orchestre puis chanter tout en continuant à guider les musiciens dans son dos. C’est pourtant une évidence qu’il est d’autant plus aisé de diriger “de l’instrument” quand on a les deux mains libres, plutôt que de l’archet du violon ou en levant les mains du piano. Une évidence également audible, qui fait disparaître l’aspect performance au bénéfice de la musique, ainsi parfaitement à son aise.
C’est à travers un florilège d’airs d’opéra de Haendel que le public lyonnais pourra goûter à cette voix, qui avec les années ne perd en rien de sa rondeur et de son à-propos. Et découvrir l’Orfeo 55 sur instruments baroques pour l’occasion, appropriés au répertoire.