Un son à part, envoûtant. C’est celui de l’orchestre de Jajouka qui débarque à l’opéra. Des sons électroniques et un rythme du tango, ce sont les Saisons de Vivaldi revisitées à l’Auditorium. Fin de semaine réjouissante dans les institutions classiques lyonnaises.
Rif mystique à l’amphi
Héritiers d’une lignée de musiciens mystiques du Maroc, les Master Musicians of Jajouka n’auraient sans doute jamais vu leur tradition séculaire parvenir à séduire l’Occident sans le concours de la Beat Generation, de Brian Jones (des Rolling Stones) ou du saxophoniste jazz Ornette Coleman qui furent les principaux lobbyistes de cette transe de la région du Rif. C’est que le son des Master Musicians of Jajouka a quelque chose d’à part, de transcendantal. Composé de tambours et d’instruments traditionnels à anches et à cordes aux timbres riches, l’orchestre scande à l’unisson des thèmes envoûtants et répétitifs laissant se déployer les harmoniques plantureuses loin des standards de la world music aseptisée. De la musique de fumeur de chicha à l’opéra, qui dit mieux ?
Master Musicians of Jajouka – Vendredi 3 mai à 20h à l’amphithéâtre de l’opéra
Et défilé de Saisons à l’Auditorium
L’Auditorium nous propose une variation autour du thème des Quatre Saisons en deux concerts. Chef-d’œuvre absolu d’inventivité, d’expressivité et de poésie, le cycle de quatre concertos épiques composé en 1723 par Vivaldi demeure le plus grand acte dans le domaine de la musique descriptive. Inspirant au plus haut point, il a récemment donné lieu à des propositions (un peu à la manière des remakes au cinéma) où la subjectivité de compositeurs modernes embrassait l’âme des concertos fondateurs. C’est en la présence de Max Richter (au piano et électronique) que nous pourrons découvrir sa vision des Saisons, dans un style à la frontière du classique et des musiques actuelles. Quant à celles d’Astor Piazzolla, elles touchent au style musical inventé par le bandéoniste argentin, le tango nuevo.