Critique - Après le succès de la nouvelle trilogie consacrée à Batman, les studios Warner tentent de répéter l’opération avec Superman. Histoire de bien faire les choses, ils ont confié la production au sérieux Christopher Nolan, et la réalisation au généreux Zack Snyder. Un tel mélange des genres était forcément attendu : lequel des deux créatifs prendrait le dessus ? Réponse ci-dessous.
Alors que son monde est menacé, Jor-El envoie son fils Kal-El sur Terre. Être unique dans une société qui lui échappe, Superman va devoir se battre pour protéger son nouveau foyer.
Quelques minutes de film suffisent à dresser un constat sans appel : c’est bien Christopher Nolan qui a dicté ses choix à Zack Snyder et non l’inverse. Ceux qui ont aimé les anciennes adaptations de Superman au cinéma vont rapidement déchanter. Le second degré et la légèreté des vieux épisodes sont totalement absents de cette relecture, sombre, pompeuse et sérieuse.
Nous ne sommes pas ici pour rigoler, Man of Steel est un film qui se veut “réaliste”, profondément influencé par des racines chrétiennes. L’analogie entre Superman et Jésus – déjà présente dans le comics original – est ici quasi permanente : le héros est singulièrement âgé de 33 ans et se retrouve régulièrement filmé dans des positions christiques.
Un scénario pauvre et lourd à la fois
Néanmoins, la filiation religieuse a ses limites. Sans nuances, le scénario oublie parfois le comics de base et ses codes pour pousser Superman à franchir une limite qui ne manquera pas de faire hurler les fans. Difficile d’expliciter ce point sans gâcher le film, mais il y a certaines choses que Superman – comme Jésus – ne peut pas faire. Un tabou majeur chez les héros qui, lorsqu’il est brisé, n’est pas sans conséquence.
Dès lors, naviguant parfois à vue et trahissant les caractéristiques du héros, Man of Steel donne une impression de pauvreté et de lourdeur en même temps. Pauvreté, car l’histoire n’arrive pas à faire évoluer son personnage principal, le faisant même régresser. Lourdeur à cause d’un ton trop sérieux et de flash-backs envahissants.
Pour ne rien arranger, Man of Steel est dénué de la moindre touche d’humour qui permettrait de rendre Superman plus attachant, tandis que l’absence de Clark Kent nuit terriblement au capital sympathie du film. Les dernières minutes du long métrage laissent pourtant entrevoir un espoir, mais il est déjà trop tard et le générique de fin arrive alors que l’un des premiers sourires apparaît sur le visage du spectateur.
Un tunnel d’action
Heureusement, même s’il semble écrasé par le poids de Christopher Nolan, le réalisateur Zack Snyder se rattrape sur les scènes d’action, omniprésentes et toujours impressionnantes. Rien à reprocher au metteur en scène, qui fait preuve d’une générosité sans limites et nous livre des moments à couper le souffle. Sur ces passages qu’il maîtrise, Zack Snyder réalise un sans-faute de haute volée, qui contraste un peu plus avec le sérieux de l’ensemble.
Dès lors, Man of Steel mélange bourrinage intense et questions existentielles pour un résultat parfois étrange. De son côté, la bande originale d’Hans Zimmer coupe le cordon avec le reste de la saga cinématographique et nous offre des morceaux épiques soulignant parfaitement l’action à l’écran. On regrettera cependant un manque de finesse et de charme. Enfin, rien à reprocher au solide casting : Henry Cavill, notamment, incarne un excellent Superman, qui aurait mérité de meilleurs dialogues pour dévoiler tout son talent.
Verdict
Film sérieux pour ne pas dire pompeux, Man of Steel s’en sort avec les honneurs grâce aux scènes d’action dantesques offertes par le généreux Zack Snyder. On en vient à regretter la participation de Christopher Nolan, plombant terriblement le film avec ses tics réalistes comme il a pu le faire sur Dark Knight Rises.
Même si Man of Steel surpasse largement The Avengers en matière d’action, il manque cruellement de cette petite touche d’âme qui le rendrait meilleur, plus attachant. Les dernières minutes laissent entrevoir un peu d’espoir pour l’épisode 2, à moins que l’on s’enfonce dans une suite pathos avec un Superman dépressif ?