Tout récemment paru aux éditions du Seuil, Fantastique Histoire d’amour s’impose d’ores et déjà comme le livre le plus abouti, et le plus captivant, de Sophie Divry. L’écrivaine lyonnaise sera présente à la fête du livre de Bron dont l’intitulé “Sauver l’amour” fait écho à son dernier ouvrage.
Phénomène pour le moins surprenant, dans le livre de Sophie Divry, Cinq Mains coupées, sorti en 2020, pas une phrase n’était d’elle ! Ce n’était pas dû à une quelconque “intelligence” artificielle. Le texte était simplement issu d’entretiens réalisés avec cinq manifestants mutilés de la main lors des manifs des Gilets jaunes.
Cette démarche, intègre, donnait aux cinq récits composant le recueil une justesse bouleversante. Ainsi que la preuve, s’il en était besoin, que Sophie Divry s’est toujours intéressée aux anonymes et aux sans-grades avec une sincère empathie. Une bienveillance envers ses personnages, réels ou fictifs, que l’on retrouve dans son dernier opus, Fantastique Histoire d’amour.
Celle-ci met en jeu un homme et une femme qui occupent des emplois qui ne sont ni au sommet ni au bas de l’échelle. Ils frisent tous deux la quarantaine. Et ils sont seuls, sans enfant, ni compagne ni compagnon.
“Disparitionnite”
Maïa est pigiste et peine à boucler ses fins de mois avec ses articles scientifiques. Sa situation devient plus précaire encore après que le journal qui faisait appel à ses services l’a virée sans préavis. Elle a perdu l’ordinateur fourni. Encore victime de sa “disparitionnite”…
C’est ainsi qu’elle a nommé sa tendance à égarer les objets : trousseau de clés, lunettes, briquet, portefeuille, CB… (Les étourdis pathologiques se reconnaîtront.) Côté sexe, elle satisfait ses appétits, voraces, grâce à des applis de rencontres avec Joss69, Kevinchaud, Kiff-Marcel et autres étalons, aussi décevants les uns que les autres.
Bastien n’est guère dans un état plus enviable. La femme de sa vie l’a largué, sans préavis non plus. Il tente de soigner sa déprime dans l’alcool, la foi qu’il garde chevillée à l’âme grâce aux messes auxquelles il assiste régulièrement et son boulot d’inspecteur du travail.
Les deux quadras habitent Lyon et fréquentent le parc de la Tête-d’Or. Mais ce qui va occasionner leur fantastique histoire d’amour est impossible à résumer ici.
Il faut à Sophie Divry, pourtant jusque-là adepte des formats courts, plus de cinq cents pages pour la raconter. Il s’y mêle des diamants d’une si étrange beauté qu’ils deviennent une drogue mortelle, un cadavre retrouvé dans une compacteuse, des scientifiques qui se transforment en mafieux, un ex-taulard ingénieux, le chat de Maïa et son vieux père qui tous deux l’adorent. Autant d’éléments et de personnages – il y en a bien d’autres – qui participent à cet incroyable roman réaliste et délirant, émouvant et drôle.
Fantastique Histoire d’amour – Sophie Divry, éditions du Seuil, 516 p., 24 €.
Fête du livre de Bron - Dialogue d’auteurs, Sophie Divry et François Bégaudeau, le samedi 9 mars à 17h – www.fetedulivredebron.com