Si rien n’égale évidemment le contact concret et matériel avec l’œuvre et le plaisir de la découvrir dans son contexte, qu’il soit celui d’une exposition, d’un atelier d’artiste ou même d’un espace naturel, de nombreux palliatifs et créations virtuelles existent et la période est propice à emprunter des chemins de traverse pour y accéder.
Loin de la foule des vernissages, le module Google Arts & Culture permet de découvrir ou redécouvrir un panel considérable de lieux, d’expositions et d’œuvres à travers le monde, sans avoir à quitter son canapé. Fonctionnant grâce à de multiples entrées établies – des critères classiques (mouvements artistiques, supports, artistes...) aux catégories plus inattendues telles que la couleur, le bling-bling, les représentations de la monarchie française ou des super-héros kenyans – la plateforme offre aussi un service de géolocalisation dévoilant les sites qui nous environnent, pour une to-do list post-confinement. La recherche par mots clés est également disponible et l’entrée “Lyon” conduit à un panel assez étoffé comprenant quelques surprises. Si trois institutions seulement utilisent le dispositif – le musée des Beaux-Arts, la Biennale et le musée des Confluences –, toutes proposent une importante sélection rétrospective d’œuvres classées individuellement ou intégrées à des parcours d’expositions. Chacune permet, de plus, une visite à 360° de son bâtiment (toutefois déconseillée passé l’apéritif sous peine de nausées).
L’heure est également à la mise en lumière d’outils et de supports numériques originaux. Le site Documents d’artistes Auvergne-Rhône-Alpes, qui existe depuis 2010, offre ainsi l’accès aux œuvres, textes et actualités de plus d’une centaine d’artistes installés dans la région. C’est le cas du travail de Delphine Balley, dont les mises en scène photographiques ont été saluées par plusieurs projets d’exposition à Lyon, récents et à venir. À l’hiver 2019, la galerie Céline-Moine lui rendait ainsi hommage, présentant deux de ses œuvres à l’occasion d’une carte blanche.
Intéressante parade à l'immobilisme imposé aux artistes par le confinement, Kommet, jeune lieu d'art contemporain installé dans les pentes de la Croix Rousse, a lancé un appel à projets en ligne. Mettant à disposition des lauréats un ensemble de “murs virtuels” sur les réseaux sociaux et le site Internet de l'association tout au long du confinement, le dispositif est propice à l'exploration de la notion d'enfermement , à travers un ensemble de médiums et techniques diverses et de la question de la diffusion de l'art via les nouveaux médias.
Outre l’accès direct aux œuvres, le domaine de la création plastique et de ses acteurs est largement représenté sur un grand nombre de supports vidéo qu’ils soient fictionnels ou documentaires, facilement accessibles en ligne ou en replay. C’est le cas de L’atelier A, format court produit par Arte et disponible sur ses plateformes, révélant, chaque semaine, l’intimité d’un artiste contemporain dans son travail de production. Au total, plus de 260 rencontres s’opèrent et donnent un large aperçu de la jeune création, majoritairement française. Plusieurs noms résonneront d’ailleurs peut-être aux oreilles lyonnaises.
C’est le cas d’Edi Dubien, dont les portraits torturés seront présentés à l’orangerie du parc de la Tête-d’Or du 13 mai au 2 juillet, sur une invitation du musée d’Art contemporain. Quant au Lyonnais Alain Bublex, son œuvre Buy Steel portant sur les paysages désindustrialisés des environs de Pittsburgh, à laquelle l’émission consacre son focus, fait étroitement écho à son Projet pour rendre à Lyon ses brouillards. Basé sur l’étude de propositions architecturales inaccomplies dans le Lyon du XXe siècle sous la forme poétique de clichés remaniés, il fut présenté en 2004 à la galerie BF15.
Marion Payrard
Collections d’ailleurs
Centre Pompidou
Paris, France
Outre un accès à une sélection de ses œuvres maîtresses grâce au parcours VIP (pour Very Important Pieces), le Centre Pompidou propose la visite vidéo d’un grand nombre de ses expositions, l’accès à un module de formation gratuit en art moderne et contemporain, des spots de sensibilisation à l’art pour les enfants, un focus sur les femmes artistes, des films, podcasts, live enregistrés et entretiens liés à ses activités passées ou présentes.
La Piscine – musée d’art et d’industrie
Roubaix, France
Le musée de La Piscine de Roubaix doit sa réputation tant à la qualité de certaines de ses expositions qu’au caractère atypique de son bâtiment. Prenant le parti d’exploiter un ancien bassin et ses dépendances, le lieu mérite vraiment la visite, rendue possible à distance grâce à la modélisation virtuelle.
Musées de la ville de Berlin
Malgré une interface peu attractive, les musées de la ville de Berlin proposent un accès à l’ensemble de leurs collections via une banque de données en ligne. Antiquités égyptiennes, arts asiatique, islamique, byzantin, tableaux du haut Moyen Âge et de la Renaissance italienne et flamande… Une consultation qui devrait permettre d’occuper sans mal les semaines à venir.
Musée du Belvédère
Vienne, Autriche
Œuvres de Gustav Klimt et des maîtres du Jugendstil, d’Oskar Kokoschka, d’Egon Schiele… Bien qu’ayant clos les portes de ses deux palais du XVIIIe siècle, le musée du Belvédère à Vienne donne accès à une partie non négligeable de son extraordinaire collection via son site Internet.
Frick Collection
New York, États-Unis
Comportant un ensemble incroyable d’œuvres européennes, de pièces de mobilier et d’objets décoratifs, la Frick Collection est l’héritage d’un richissime industriel américain du début du siècle dernier. Mise en scène magistralement dans les nombreuses pièces d’un bâtiment de la 5e Avenue, elle comporte, entre autres, un bel ensemble de style rocaille ; scènes de décor champêtres commandées à François Boucher par Madame de Pompadour pour son château de Crécy. Toutes les salles sont accessibles en visite virtuelle, avec la possibilité de cliquer sur chaque élément du décor pour obtenir détails et informations.
Pera Museum
Istanbul, Turquie
Pour les amateurs d’orientalisme et les nostalgiques de voyage, le Pera Museum d’Istanbul invite à la découverte d’une riche collection documentée de tableaux, objets, sculptures largement marqués par l’esthétique ottomane. La visite du musée est également possible via Google Arts
& Culture afin de découvrir les œuvres en situation, dans une muséographie dense aux couleurs tranchées.
Musée provincial du Hubei
Wuhan, Chine
Désormais funestement connue comme berceau de l’épidémie de coronavirus, la ville de Wuhan, en Chine, recèle pourtant des trésors, dont certains sont conservés au musée du Hubei. Bien que leur site Internet mérite un vrai coup de jeune, les visuels de vestiges en bronze, laques, objets de jade, céramiques sophistiquées, estampes et calligraphies d’une grande beauté y sont consultables. Au total 216 reliques culturelles tirées de la collection sont ainsi accessibles en ligne.