À la fois interprète, compositeur et pédagogue, Fabrice Jünger se consacre depuis bientôt 30 ans aux répertoires contemporains. Membre fondateur de l’Ensemble orchestral contemporain, ce Lyonnais, dont le huitième album solo vient de paraître, envisage d’explorer encore davantage les capacités de la flûte avec l’usage de l’électronique. Portrait.
Né à Sainte-Foy-lès-Lyon, Fabrice Jünger a été formé au bercail : au conservatoire de Lyon pour la flûte et la composition puis à l’École nationale de musique de Villeurbanne pour l’acousmatique et la synthèse sonore. Sa carrière, pourtant, le mène aux quatre coins du monde au sein de l’Ensemble orchestral contemporain (EOC), très prolixe avec plus de 300 créations depuis près de 30 ans. Rapidement, le flûtiste est attiré par les musiques contemporaines qui deviennent le cœur de son champ d’action : “Pour moi, il y a deux âges d’or de la flûte, du moins en Occident, l’époque baroque et l’ère contemporaine. J’adore ces deux périodes mais comme le baroque se joue au traverso, que je ne pratiquais pas, j’ai choisi de me spécialiser dans les répertoires contemporains.”Une “flûte augmentée”
Délaissée ou sous-exploitée par les romantiques, dès la seconde moitié du XXe siècle, la flûte fascine à nouveau les compositeurs. La virtuosité qu’elle permet chez l’interprète mais également sa structure très simple (ni bec ni anche) lui offrent une variété infinie de sons : “On a exploité à peine 20 % des capacités de l’instrument, des percussions de clés, jusqu’aux sons mêlés à la voix, en passant par les multiphoniques [doigtés permettant de faire sonner plusieurs notes en même temps]. Mais il reste tant à expérimenter… et tout spécialement en combinant l’instrument avec l’électronique, ce que j’appelle une ‘flûte augmentée’ et pour laquelle je compose.” La flûte ou plutôt “les” flûtes, c’est aussi une famille. Basse, alto, piccolo, Fabrice Jünger les pratique toutes, chacune pour sa spécificité : “La flûte contrebasse a un son inouï ! Ses capacités dans le domaine bruitiste sont énormes… même si la quantité de souffle qu’elle réclame en fait un instrument qui peut s’avérer épuisant physiquement.”LES musiques contemporaines
En 1992, Jünger participe à la fondation de l’Ensemble orchestral contemporain de Daniel Kawka qui a cédé sa place de chef l’an dernier au compositeur Bruno Mantovani. Basé à Saint-Étienne mais regroupant une majorité de musiciens lyonnais, souvent formés au CNSMD, l’ensemble spécialisé dans le domaine contemporain collabore régulièrement avec Grame ce qui lui vaut d’être bien connu des Lyonnais pour ses participations à la biennale Musiques en Scène (devenue B!ME).Il vous reste 51 % de l'article à lire.
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