Olivier Borle propose une adaptation du roman haut en couleur d’Albert Cohen, Mangeclous, au Théâtre de la Renaissance.
On connaît la puissance des textes d’Albert Cohen, dont les romans ont marqué la littérature du XXe siècle. Même si récemment on a pu voir le comédien Patrick Timsit - à contre-emploi - s’emparer en solo de son émouvant récit autobiographique Le Livre de ma mère, on peut regretter que le théâtre ne donne pas une part plus belle à cet écrivain dont les œuvres, de grandes fresques minutieuses, explorent l’âme humaine, en parvenant à tisser des liens intimes entre les personnages et les lecteurs.
Né sur l’île de Corfou en Grèce, Albert Cohen a émigré en France lors des premiers soubresauts de la première guerre mondiale, puis s’est installé en Suisse pour embrasser une carrière de diplomate.
C’est justement un retour à ses origines juives et grecques qui est le point de départ de Mangeclous.
Deuxième volet d’une tétralogie - dont on connaît mieux Solal et Belle du Seigneur avec leur dimension passionnelle et tragique -, cette œuvre comique, raconte avec truculence les tribulations de cinq cousins juifs qui quittent leur petite île grecque de Céphalonie pour rejoindre Marseille et Genève à la recherche d’un trésor.
Le récit de ce voyage, qu’Albert Cohen connaît bien pour l’avoir effectué lui-même, conte l’odyssée improbable, sur fond de montée du nazisme, de ce clan de bienheureux mené par Mangeclous, à la quête d’une hypothétique fortune,
Pour mettre en scène ce texte drôle et féroce, qui confronte la culture méditerranéenne et occidentale de l’Europe, Olivier Borle et les comédiens de la compagnie Théâtre Oblique dressent avec humanité une galerie de personnages hauts en couleur. Entre désir de grandeur, petits mensonges, tendresse et avidité, ces hommes vont finalement parvenir à obtenir un bien plus précieux que celui tant espéré.
Mangeclous, au Théâtre de la Renaissance à Oullins, jusqu'au 15 janvier - www.theatrelarenaissance.com