Reprise d’une création des Nuits de Fourvière, María de Buenos Aires est un “opéra-tango” signé Astor Piazzolla mêlant solistes, cordes, instruments traditionnels du tango, circassiens et danse : un melting-pot à l’image de la capitale argentine !
À la fin des années 1960, Astor Piazzolla, installé en Italie et associé au poète Horacio Ferrer avec qui il crée ses tangos les plus célèbres, compose l’opérette María de Buenos Aires sur un livret de son acolyte. L’œuvre ne remporte aucun succès et sera vite oubliée avant que la postérité ne se repenche sur cette œuvre lyrique au point de la transformer en cet “opéra-tango” à la forme singulière.
C’est l’été dernier, aux Nuits de Fourvière, qu’est réapparue l’œuvre sous la houlette de Yaron Lifschitz, à la tête de la compagnie australienne Circa. Le metteur en scène circassien touche à tout trouve dans cette pièce à la croisée des genres un objet séduisant et répondant à ses problématiques : mettre en œuvre des formes d’art mouvantes explorant “les zones de frottement entre le cirque contemporain, la danse, la musique et le théâtre”.
Piazzolla, artisan lui-même de toutes les fusions entre savant et populaire, n’est autre que l’inventeur d’un style qui fera date : le “tango nuevo” qui emprunte à la tradition argentine pour y intégrer le jazz, la musique classique et faire de ce support à la danse une musique moderne à écouter.
“Née un jour où Dieu était saoul et de mauvais poil”
Le livret de Ferrer (empruntant parfois à l’argot argentin) est lui aussi une ode à l’impureté : née de l’esprit fantasque du duende, María, à la fois évocation de la Vierge Marie et chanteuse des bas-fonds crapuleux de Buenos Aires “née un jour où Dieu était saoul et de mauvais poil” est ce genre d’icône amphibie qui meurt d’une balle de revolver pour renaître aussitôt, comme le tango, comme Buenos Aires…
Dans cette adaptation, Yaron Lifschitz fait appel aux acrobates de sa compagnie Circa qui tissent un contrepoint avec les pas de danse de deux solistes, mais attention : pas de tango à l’horizon, tout ici se doit d’être stylisé, hybridé.
Aux cordes de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, la partition s’adjoint les services, bandonéon en tête, d’un groupe de tango nuevo (l’ensemble Negracha).
C’est la cheffe Valentina Peleggi qui donnera vie à cet arrangement syncrétique porté par les deux solistes vocaux, Wallis Giunta dans le rôle de María et Luis Alejandro Orozco en ténor narrateur.
María de Buenos Aires – Du 15 au 23 janvier à l’opéra de Lyon, Lyon 1er – www.opera-lyon.com