Les désordres d’Antoine de Galbert, l’amitié dans notre monde contemporain et l’œuvre monumentale de Sylvie Selig sont à découvrir au macLyon.
L’événement du macLyon est l’exposition de Sylvie Selig, artiste apparue sur le devant de la scène à plus de 80 ans, coup de cœur de la 16e Biennale de Lyon 2022, dont l’œuvre River of no Return (une huile sur toile) est entrée dans la collection du musée grâce à une campagne de crowdfunding lancée en octobre 2023.
Monumentale, elle se déploie sur 120 mètres de long dans une forme sinusoïdale créée grâce à une succession de rouleaux qu’elle a peints en les suspendant au fur et à mesure dans son atelier, le projet ayant été réalisé sur trois années en raison du temps de séchage qu’exige la peinture à l’huile.
Quatre personnages sont mis en scène – deux hommes, une femme et un chien – après être montés dans une barque afin d’effectuer un long voyage dans l’histoire de l’art du XXe siècle. Conçue à partir d’une succession de petites histoires, la scénographie nous fait découvrir le rapport très cinématographique de l’artiste à la peinture qui déroule sous nos yeux un film imaginé à partir d’un intense travail d’écriture effectué en amont et qui donne une incroyable puissance au récit visuel.
On savoure, on tourne autour de l’œuvre et tandis que notre œil saisit le bleu d’Yves Klein ou l’aventure du land art, beaucoup d’autres références – que l’on laisse au visiteur le soin d’appréhender – se dévoilent, faisant allusion à 140 artistes, peintres, sculpteurs, designer et architectes.
Si certaines sont évidentes à percevoir, d’autres nous demandent d’y revenir, provoquant le plaisir de la découverte. La forme de l’œuvre nous laisse le temps nécessaire pour chercher et comprendre.
Sur ce même espace, l’artiste, très prolifique, expose des peintures sur papier et des broderies sur textile, ainsi que la manière dont elle transforme l’univers féerique et terrifiant de ses toiles en sculptures étranges, des monstres créés à partir de mannequins et de papier mâché qu’elle pose les uns à côté des autres pour constituer un conglomérat d’histoires imaginaires mis à la portée de notre propre imagination.
Désordres et amitiés
Au deuxième étage, l’exposition Friends in Love and War – L’Éloge des meilleur·es ennemi·es, organisée en collaboration avec le centre d’art Ikon à Birmingham et qui réunit des œuvres des collections du British Council et du macLyon, interroge l’amitié dans notre vie quotidienne. Comment est-elle influencée par la société, la politique, les réseaux sociaux, également par la diplomatie et les échanges culturels ?
Peintures, dessins, photographies, installations mettent à l’honneur de nombreux artistes, on citera Hetain Patel dont on a aimé le film Don’t Look at the Finger. Il met en scène le mariage africain (et forcé) d’un homme et une femme dans une église vêtus de costumes traditionnels, celui de la femme étant plié et déplié sur son corps selon la technique origami.
S’opposant au début avec les gestes de l’affrontement, ils créent peu à peu une chorégraphie colorée qui va les rapprocher.
Enfin, le troisième étage invite le collectionneur Antoine de Galbert avec 200 œuvres de sa collection dont celles deJohn Isaacs, Jérôme Zonder, Jane Alexander, Christian Lhopital, Annie Leibovitz… explorant à travers ses goûts très éclectiques la place d’un collectionneur qui veut rester libre dans ses choix artistiques.
Intitulée Désordres, l’exposition évoque les luttes, les utopies, la violence et les rêves de notre monde… Et elle commence par une courte animation en noir et blanc de Radenko Milak où l’on voit s’effondrer la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris !
Les trois expositions sont à voir jusqu’au 7 juillet au macLyon.
Sylvie Selig ou une bande dessinée sur 150m !