Faire interpréter à des chanteurs de variété ou de pop contemporaine comme Étienne Daho les Mélodies de Gabriel Fauré, c’est le projet fou de l’ensemble BAUM, emmené par Olivier Mellano. Ce dimanche à l’Auditorium.
Il fallait oser. Mais comment n’y avoir pas pensé avant, tant la démarche semble naturelle à l’écoute ? Il suffisait pourtant de laisser parler la musique et des Mélodies dépouillées : pureté dans la ligne, point trop d’effets dans l’arrangement au piano, rhétorique finalement très pop dans la mise en musique des poèmes… On est ici bien loin du bel canto italien ou de Wagner, mais il fallait peut-être passer par le projet “Ici-bas” pour s’apercevoir de la proximité entre la Mélodie et la chanson française du siècle dernier. Car, entre une mélodie sans refrain de Brel et une Mélodie (avec majuscule cette fois-ci) de Fauré interprétée par Piers Faccini ou Dominique A, il n’y a qu’un pas à franchir… Qui vient d’être franchi, au grand dam des sectaires mais pour le bien des bonnes choses.
Loin de “réduire” la Mélodie française ou d’une quelconque opération marketing, c’est en effet un projet des plus profond auquel nous convie la fine équipe de musiciens, arrangeurs et chanteurs au service d’une musique ascétique qui se voit ainsi magnifiquement éclairée. Une fois débarrassée de certains tics liés à l’interprétation en vogue au début du XXe (vibrato et manières rendant le texte parfois compliqué à suivre), les Mélodies n’en sortent que grandies… et le public en ressort conquis.
Âge tendre et têtes d’affiche
À la manière d’un gala de Radio Nostalgie, c’est un véritable régiment de vocalistes superstars qui est réuni autour de l’ensemble BAUM, instigateur du projet. Imaginé puis mis en œuvre par Sonia Bester et Olivier Mellano, le spectacle convoque, autour d’un trio (violon, violoncelle, piano) et de Mellano (à la guitare), une sacrée ribambelle de chanteurs actuels habituellement rangés dans la catégorie “musique populaire” – par opposition à “savante”. Et pourtant. Des arrangements soignés, originaux mais sans excentricité, laissent au casting de luxe le loisir d’une expression à la fois libre et très attentive du discours et de la partition. Au contraire d’un récital conventionnel, la voix et les styles se succèdent, mais la musique reste et s’en voit mise en valeur tant tout semble si naturel…
À géométrie variable, en fonction des disponibilités des chanteurs invités, la cuvée de novembre réunira sur la scène de l’Auditorium une bonne dizaine d’interprètes qui, d’Étienne Daho à Élise Caron en passant par Rosemary Standley (du groupe Moriarty) ou Piers Faccini, pousseront la Mélodie un à un ou tous en chœur. Voilà à coup sûr un des événements de cette fin d’année à Lyon à ne certainement pas négliger.