Découvert l’an dernier avec un clip intitulé My Pearl, Daisy Lambert est le nouvel ovni de la scène lyonnaise. Un drôle de type aussi, chic et attachant à la fois, dandy pop et crooner 70s, auteur avec Chic type d’un album aussi étonnant que génial. Rencontre.
Daisy Lambert est un chic type. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est lui-même, en titre de son premier album. Et quand un chic type vous dit qu’il est un chic type, pourquoi ne pas le croire ? Parce qu’il a un prénom de fille ? Oui, bon, pas faux, mais ça ne relativise que le côté “type”. Alors disons que Daisy Lambert est chic. Un dandy “un peu maudit, un peu vieilli”, comme dans les Paradis perdus chantés par Christophe, son idole (à qui il doit son prénom de scène, emprunté à la chanson éponyme). Un peu mais bien vieilli parce que, passé trente ans, Daisy Lambert a décidé d’arrêter de s’excuser d’être qui il est, d’avoir les goûts qu’il a, bref, de se justifier. Mais maudit pas tellement, et pour la même raison, d’ailleurs. Il nous montrera une alcôve de son appartement de Saint-Paul où il entendait écrire ses chansons “genre poète maudit”. Il en a fait un (bon) débarras.
Alors, oui, Daisy est le genre de type – chic, hein ? – qui, lorsque vous débarquez chez lui un samedi soir, timing assez rare pour une interview, avoue, habillé comme un prince consort prêt à sortir, que vous l’interrompez en plein visionnage d’un docu sur les calmars géants, mais qu’il préfère les singes : “J’adorerais faire la musique d’un docu sur les singes.” Puis vous propose un “drink” et vous colle du Alain Chamfort 70s ou du Kayak (on connaît pas) à fond les ballons. Mais que faisait donc cet énergumène avant de sortir, si tardivement, son premier album ? À cette question, il répond aussi assurément qu’à tout le reste : “Ben, rien. Je n’osais pas. Je n’ai assumé ma première chanson qu’en 2007.”
De jolis poignets
Cinq ans plus tard débarque cet album de “beau bizarre” christophien, à aimer d’amour ou à conchier (tout le monde n’aimera pas et tant mieux), qui ne s’embarrasse pas de complexes esthético-éthico-étiques, voyage en solitaire dans des territoires opulents que la pop française ne foule plus guère. Où Daisy Lambert, marqué par d’indélébiles écoutes de jeunesse, se tisse un Nuage des génies sur lequel monter pour mieux s’apercevoir en Lio au masculin, auteur de la musique qu’il a envie d’écouter, qui fricoterait lascivement avec Giorgio Moroder (il y a quelque chose d’italien chez Daisy), Jean-Michel Jarre, Sébastien Tellier et Daniel Darc (dont il a fait la première partie lors de son dernier passage à Lyon). Où il est question de Femme fontaine, de filles auxquelles on pardonne tout parce qu’elles ont de jolis seins et – détail qui tue – de jolis poignets (Tes seins et tes poignets), d’un chic type esseulé qui danse la bossa-nova en peignoir devant son miroir, tout en étant capable d’écrire des choses aussi simples et troublantes que “Sors de ton pyjama/Mets ta veste que j’aime pas” (Ce soir j’te sors, sommet de l’album, en mode Chamfort chez John Carpenter ou quasi).
Si Chic type raconte une histoire, une descente d’ego – c’est du moins ce qu’on y entend –, hors de question pour l’intéressé de parler d’album concept : “C’est un premier album, avec tout ce que ça implique. C’est moi à 100 %.” Le chic type, c’est lui. Point b(iz)arre.
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Daisy Lambert, Chic type, Écho Orange Records/Socadisc. Sortie ce lundi 15 avril en numérique.
Le French Kiss de Daisy Lambert (avec Yan Wagner et Alex Rossi). Concert vendredi 19 avril, à 19h, au Club Transbo (Villeurbanne).