Avec 30 000 spectateurs par an, la programmation jeune public de la Maison de la danse est une belle réussite par le chiffre mais également par la qualité des spectacles présentés. Chargée des publics depuis 30 ans, Noëlle Boulay est au cœur de ce succès !
Comment a démarré la danse pour le jeune public à la Maison ?
En 84-85, quand nous étions au Théâtre de la Croix Rousse avec une proposition de Jean Guizerix et Wilfried Piollet qui étaient danseurs à l’Opéra de Paris. Je n’étais pas surprise car je venais de la décentralisation culturelle et cela se faisait déjà beaucoup avec le théâtre. Mais le développement de la culture chorégraphique était inexistant et on a eu très vite un boulevard devant nous. La différence, c’est que si le théâtre passait par l’Education Nationale avec des spectacles validés par une commission, vu le peu de propositions danse qu’on avait à l’époque, je n’ai pas souhaité rentrer dans ce circuit. Du coup, notre programmation s’est faite à partir de nos rencontres avec les chorégraphes mais en puisant aussi dans les spectacles pour adultes.
Comment est organisée votre programmation ?
Jusqu’en 1992, les spectacles ne se déroulaient que sur le temps scolaire en allant de la maternelle au lycée. Face à l’importante demande que l’on avait pour le mercredi après-midi de la part des structures de loisirs, on a décidé d’intensifier nos propositions mais comme il fallait aussi rentabiliser la salle, j’ai créé l’abonnement complice soit, un adulte accompagnant un ou plusieurs enfants. On a rajouté le samedi et le succès a été immédiat.
L’originalité de votre travail réside dans le fait que les spectacles choisis ne sont pas forcément ceux créés uniquement pour les jeunes !
Oui et c’est ce que j’aime dans ce métier. On est sur plusieurs axes. Celui d’accueillir des pièces conçues véritablement pour eux, comme celle de Kélémenis sur Matisse et la danse ou celle de Josette Baiz, autour d’Oliver Twist. Après, il y a les possibilités que l’on trouve dans la programmation adultes lorsqu’une compagnie reste une semaine. On a l’exemple du Ballet classique national de Bordeaux qui, dans le cadre de son Don quichotte, a présenté un acte en expliquant ce qu’il se passait avant et après. Récemment, on a eu le Ballet de Genève avec Roméo et Juliette. On en a profité pour organiser une matinée avec des collèges et lycées autour de 3 pièces très différentes appartenant à leur répertoire, celles de Benjamin Millepied, Jean-Christophe Maillot et Dominique Bagouet. Les explications étaient tellement bien faites que les jeunes ont été très réceptifs lors des représentations. Je pense aussi à Alonzo King qui sont les formules 1 de la danse. J’ai souhaité que les lycéens en voient une grande partie parce que c’est une danse très impressionnante pour eux. L’idée, c’est qu’ils découvrent tous un maximum de choses et que ce soit éclectique et pédagogique.
On a le sentiment que jeunes et enseignants s’intéressent de plus en plus à la danse ?
Effectivement et je pense que c’est très lié au fait que les spectacles de danse, bien plus que d’autres disciplines, mélangent tous les arts. Et puis les enseignants qui sont moteurs, travaillent de plus en plus sur musique, danse et mouvement et de fait, la danse colle au développement de l’enfant. Nous en parallèle, pour les aider, on a augmenté nos propositions vidéo.
C'est-à-dire ?
En fonction de leur demande, on propose une vidéo-conférence qui est un programme conçu par Olivier Chervin, à partir d’une sélection d’archives de spectacles ou de vidéos que l’on a ici. Cela peut être sur le hip-hop et son origine, les danses du monde, l’Afrique. On a aussi des classes qui passent une journée à la Maison de la danse. Le matin, le professeur vient avec ses élèves pour regarder la vidéo, ensuite il y a le spectacle et une rencontre avec le chorégraphe. Même si ce n’est pas notre vocation première, on est toujours là pour accompagner l’enseignant lorsqu’il désire aller au-delà du spectacle vivant !