En résidence depuis plusieurs années au CCN de Rillieux, le collectif A/R y présente ce vendredi H o m e, qui mêle la relation musique-danse à une réflexion sur le couple.
Fondé en 2012 par Julia Moncla, Paul Changarnier et Thomas Demay, le collectif A/R est né d’une rencontre lors de leurs études au conservatoire de musique et de danse de Lyon. Le désir d’associer la musique live et la danse est au cœur de leur processus de création. Ils souhaitent les confondre, les mélanger, mais aussi révéler leur singularité. Basé sur l’écoute, l’exploration d’aires de jeux, leur travail questionne à la fois le groupe et l’individu.
Faire percevoir le temps par le mouvement
La première création du collectif A/R in situ, États des lieux, était un dialogue entre un batteur, deux danseurs et un espace extérieur. La seconde, Ma présence est un mensonge, dirigée par Julia Moncla, abordait la perte de la mémoire. H o m e, la pièce présentée ce mois-ci en “démo” à Rillieux, est mise en mouvement par Paul Changarnier autour d’un travail spécifique pour les danseurs et la relation danse-musique live.
“C’est après avoir collaboré avec les chorégraphes Yuval Pick et Maud Le Pladec, dit-il, qu’est né le désir profond d’écrire pour le corps. C’est ce langage inspirant que je souhaite travailler et provoquer dans H o m e. Inspiré par les cinéastes Martin Arnold et Peter Kubelka pour leurs travaux sur la répétition et l’accident, j’utilise alors le cut-up physique comme un bégaiement de l’action afin de rendre la vision illusoire. Par cette danse, je souhaite réorganiser une perception du temps par le mouvement.” Plus concrètement, sa volonté est d’aller chercher dans l’“entre-mouvement”, observer ce qui peut se trouver entre deux actions.
Un trio qui explore la question du couple
La pièce est composée d’un trio, un homme et une femme qui dansent et un musicien qui sera le contrepoint de leur relation, révélant leur personnalité avec des jeux portés par la musique tout en les amenant à dialoguer, se rapprocher et partager.
Le chorégraphe explore la question du couple dans ce qu’il représente comme norme sociale, vecteur de construction et d’équilibre. Il se demande si la norme est bel et bien de vivre en couple. Il cherche sur scène des actes, des postures de couple nous renvoyant à une réflexion personnelle.
“L’aspect scénographique, dit-il, est d’apparence très léger car l’espace est façonné uniquement par les interprètes danseurs, une batterie et les lumières. Pour le début du travail, nous avons matérialisé cet espace par un carré blanc sur fond noir, une version “en négatif” du projet. La position de la batterie fait partie intégrante de la chorégraphie et a été pensée pour laisser un champ large d’expression aux interprètes danseurs, qui évoluent de manière satellitaire par rapport à celle-ci, qui reste fixe. La lumière du spectacle a été pensée comme un révélateur dramaturgique de la pièce.”