Du pur Plassard qui s'amuse en jonglant avec tous les codes de ces disciplines artistiques. Sa bande de mecs super doués, d'un côté les blonds et de l'autre les bruns, nous rappelle ces humains/personnages que l'on avait aimés dans Discours, pour leur forte présence et la capacité qu'ils avaient à se transformer sur scène. Formé au contemporain, le chorégraphe a beaucoup travaillé sur les danses sociales, dont le hip-hop, et le spectacle s'appuie largement sur sa gestuelle abrupte mais aussi détournée avec une telle finesse que l'on mesure tout le potentiel et la valeur de cette danse. Sur un carré en forme de ring, la danse est free, les danseurs font d'étranges poiriers, puis du break virtuose ou alambiqué, ils font la roue accrochés les uns aux autres, créent des jeux de miroir, déconstruisant en simultanée le sérieux de la chorégraphie. Ils se grimpent dessus tandis que chacun cherche avec jubilation les failles de l'autre pour passer entre et vaincre. Une bagarre se transforme en un slow fait de roulés/portés, pour se transformer ensuite en un duel au ralenti aquatique, parfaitement maîtrisé par deux cow-boys qui se battent à coup de crottes de nez. La musique les rattrapera au cœur d'un quintet, où corps relâchés, ils danseront à l'unisson d'une écriture fougueuse et enlevée. Denis Plassard nous offre une danse généreuse dont la seule préoccupation est la rencontre du plaisir immédiat et du partage. On lui pardonne alors quelques faiblesses de rythme et un effet parfois statique de certaines compositions chorégraphiques. Par dessus tout, DéBaTailles a le chic de la dérision et de l'humour, l'amour du corps et de ses possibles. Un spectacle qui se savoure avec curiosité et se consomme cul sec !
DéBaTailles de Denis Plassard.
Du 16 au 18 décembre à l'Hexagone/Scène nationale de Meylan. 04 76 90 00 45.