Rock. Avec La Messe de Minuit, son premier festival, la maison Cold Fame, agence de diffusion et de production tenue à Lyon par le groupe alsacien Last Train, frappe un grand coup dans le rock pour ouvrir la saison de musique électrique. Avec en tête d’affiche ces prophètes déjantés de Fat White Family. Amen.
Si l’on s’en tient à cette vieille antienne de la lyonnologie qui veut que toute personne ayant posé un pied sur le quai de la gare de Perrache pour jeter un mégot est considérée comme lyonnaise, alors le groupe mulhousien Last Train est sans doute à jamais le plus lyonnais des groupes alsaciens. Une vraie bande d’indécrottables gones même. Et pour cause, en plus d’avoir une partie de ses membres installée dans la capitale du rock’n gone, c’est bien à Lyon que ce groupe à la production fiévreuse et aux idées bien arrêtées a fondé il y a quatre ans son propre label, devenu agence de production et de diffusion. Avec l’idée chevillée au corps d’ériger l’indépendance en étendard et de ne rien devoir à personne, de ne pas non plus recourir aux cagnottes en ligne tous les quatre matins pour financer ses agissements. Aujourd’hui Cold Fame, dirigé par le leader et chanteur de Last Train, Jean-Noël Scherrer, s’occupe ainsi d’une quinzaine de groupes, dont Last Train, évidemment, mais aussi Crocodiles, Born Idiot ou Holy Two. Et depuis quelques mois saupoudre le paysage live lyonnais de rendez-vous récurrents baptisés La Messe écumant avec bonheur les différentes salles lyonnaises. On a ainsi pu voir ces derniers temps le groupe néerlandais De Staat au Transbordeur, Crocodiles au Ninkasi dans le cadre des Nuits Sonores, ou Left Lane Cruiser au Périscope fin juin pour une cérémonie blues pour le moins caniculaire. Et voilà que Cold Fame lance ce mois-ci la première édition de son festival, La Messe de Minuit, manière d’ouvrir le bal automnal quand Woodstower vient de jeter un voile sur la saison (f)estivale. Et comme chez Cold Fame, on ne tient guère en place, la chose qui s’étale sur trois jours vagabondera là encore, dans l’ordre, entre les murs de l’Épicerie Moderne, du Périscope et du Transbordeur. Au programme, rien que du rock très indépendant (ce dernier terme étant à retourner dans tous les sens).
Grosse famille blanche
Le premier soir, La Messe ouvrira donc du côté de Feyzin avec Night Beats, band américain immergé jusqu’au cou dans le R’n’B (à entendre au sens 60’s du terme pour éviter tout malentendu) psychédélique. Pour donner une idée du genre, le groupe a repris récemment sur disque l’intégralité du mythique Boom de The Sonics, totem garage s’il en est. La scène sera habilement complétée par Last Train lui-même qui servira sur un plateau les morceaux de son nouvel album The Big Picture, enregistré en Norvège – guère étonnant pour un groupe qui est allé se produire jusqu’en Chine, dont le single The Idea of Someone, en donne une belle, d’idée. Le lendemain, direction le Périscope, avec en vedette, après le post-punk amiénois de Structures, les garagistes britons de Bad Nerves (ne pas arriver en retard, ça joue si vite que leurs concerts sont terminés avant même d’avoir commencé). Quant au Transbordeur, il accueillera une soirée de clôture pas piquée des grattons, avec pas moins de quatre groupes : ces foufous ténébreux de Psychotic Monks, la petite bête qui monte Lysistrata et pour accompagner ce bel échantillon hexagonal – en cela Cold Fame respecte une belle parité inter-nationale – les Britanniques de Yak et, pour la première fois à Lyon, l’un des groupes les plus courus et les plus follement inventifs du moment : Fat White Family qui au lieu d’imploser en pleine hype comme c’était prévu a eu la gentillesse de publier un troisième album, Serfs Up, qui piétine allègrement les précédents (et tous ceux qui l’écoutent). De quoi penser qu’avec cette Messe de Minuit, Cold Fame devrait faire entrer pas mal de monde en religion.
La Messe de Minuit. Le 17 septembre à l’Épicerie Moderne, le 18 septembre au Périscope et le 19 septembre au Transbordeur.