Vous avez jusqu’à samedi pour vous faire interpeller par les affiches et vidéo du collectif espagnol Democracia à la galerie lyonnaise BF15.
Vus depuis le trottoir extérieur, les murs de la BF15 ont de quoi interpeller. De grandes affiches, où sont inscrites en arabe des phrases blanches sur fond noir, y sont alignées les unes à côté des autres. Cette série intitulée Subtexts est l’œuvre du collectif espagnol Democracia, fondé en 2006 par Pablo España et Iván López. L’ensemble noir et blanc se révèle d’autant plus percutant qu’il se donne sans traduction, nous privant des outils nécessaires de décryptage. Habituellement destinées aux panneaux publicitaires ou à une diffusion via la presse, ces affiches ont pour vocation de perturber l’espace public et les médias, et agissent en fonction du contexte géographique, culturel et politique dans lequel elles s’insèrent.
Dissimulant en réalité des citations de penseurs ou d’activistes occidentaux (Bakounine, Che Guevara, etc.), les messages écrits en arabe jouent, dans un contexte français (du moins peut-on le lire ainsi), sur la paranoïa ambiante quant à l’Islam, alors qu’à Manresa (Catalogne), où ils ont été montrés en 2009, ils soulignaient entre autres les tensions quant à la langue catalane en pleine période électorale.
Parkour civil
Empruntant dans ses premières secondes les codes du cinéma pour susciter la peur (montage fragmentaire, ralenti, gimmick musical à trois notes effrayant), Ser y Durar suit le parcours acrobatique d’un groupe de jeunes pratiquant le parkour (art du déplacement dans n’importe quel contexte urbain ou rural, type Yamakasi), qui a choisi pour terrain de jeu le cimetière civil de la Almudena à Madrid, où furent enterrées des victimes de la guerre civile. Derrière l’esthétique publicitaire et les prouesses physiques des “traceurs”, Ser y Durar dessine en creux l’histoire de l’activisme espagnol avec ces nombreux inserts d’épitaphes tels qu’“Amour, liberté, socialisme”.
Même si le collectif peut ne pas emballer par ses partis pris esthétiques, il interpelle, suscite le débat et assume une responsabilité politique en tant qu’artiste, celle entre autres de mettre le doigt là où ça fait mal.
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Democracia – Il n’y a pas de spectateurs. Jusqu’au 15 juin, à la BF15, 11 quai de la Pêcherie, Lyon 1er.