Les mails de designers en colère pleuvent depuis hier : la ville de Lyon aurait pris pour habitude de ne pas rémunérer les travaux des candidats aux appels d’offres dans le domaine du graphisme.
Les designers et graphistes ne comptent plus travailler pour rien. Le courrier, envoyé par plusieurs d'entre eux aux élus et services de la Ville de Lyon, avec copie à Lyon Capitale, commence ainsi :
“Madame, Monsieur,
Nous venons de prendre connaissance de votre dossier d’appel d’offre concernant la création de l’identité visuelle et ses déclinaisons pour l’exposition « Rêver d’un autre monde, la représentation des migrants dans l’art contemporain » au Centre d’histoire de la résistance et de la déportation [CHRD] de Lyon. Votre projet est passionnant et nous serions très heureux d'y participer.
Cependant, à la lecture des éléments, je conclus que vous demandez aux participants un travail de conception conséquent (une note d’intention présentant une ou des pistes créatives avec leurs traductions visuelles ainsi qu’une illustration visuelle d’une seule piste) sans rémunération, ni dédommagement.”
Chez les professionnels du design graphique ou d'espace, la pilule ne passe plus : la réponse à un appel d'offres comme celui du CHRD demande ainsi de fournir un travail important sans aucune contrepartie pour les perdants. Ce qui est sans doute possible pour un cabinet étoffé, mais quasiment suicidaire pour un graphiste freelance, qui ne peut se permettre de travailler gratuitement trop souvent...
Des préconisations ministérielles peu écoutées
Pourtant, le Centre national des arts plastiques (ministère de la Culture) préconise de rémunérer ces avant-projets. La ministre Fleur Pellerin elle-même a diffusé, le 10 juillet dernier, une circulaire rappelant leurs devoirs aux acteurs publics recourant à la commande publique pour des prestations de graphisme, dans le cadre d'un projet d'affiche, de magazine ou de scénographie.
Reprenant les demandes des professionnels, représentés par l'Alliance française des designers, la circulaire souligne l'importance d'une rémunération pour les réponses aux appels d'offres, afin de susciter une diversité de propositions et de candidature, et donc d'élargir la concurrence. "Les graphistes indépendants, en particulier, s'écartent souvent eux-mêmes des appels d'offres pour lesquels ils ne peuvent pas compter, s'ils sont retenus pour remettre une proposition, sur une rémunération de leur travail de création."
Une méthode récurrente ?
Le courrier des designers en colère, qui pointe l'illégalité de l'appel d'offres, autant que son caractère "inique" ajoute : "La ville de Lyon, ses services culturels et communications sont coutumiers depuis des années de ce type de sélection et ce malgré de nombreuses relances de la part des professionnels que nous sommes (lettres et courriels) et des organisations professionnelles liées aux métiers de la création et du graphisme en particulier."
Pour l'instant, sollicitée par Lyon Capitale, la Ville de Lyon n'a pas réagi à ces accusations.
Sur Lyon, l'Alliance française des designers a pointé de nombreux projets sur sa liste noire des appels d'offres inéquitables : Aéroports de Lyon, musée des Confluences, Conservatoire...
Tout ceci est un foutage de gueule : le ministère 'préconise' autrement dit, ce n'est pas une loi, donc au final ils font ce qu'ils veuillent. Et même si c'était une loi, la justice mettrait beaucoup de temps à condamner un organisme d'Etat. Totale irresponsabilité, totale impunité. Pendant ce temps, ceux qui bossent gratos, crèvent. Changeons de paradigme !
Pour ma part je comprends qu'il faille un minimum d'éléments pour choisir un graphiste ou une autre prestation d'ailleurs. Tous ceux qui répondent à un appel d'offres prennent effectivment du temps pour le faire. Cela me parait d'autant plus logique de demander ces éléments que dans le privé comme le public quand on cherche un prestataire des réponses sont parfois tellement à coté de la demande qu'il vaut mieux avoir des informations minimum. Le gros du travail vient après le choix.