La saison est propice, nous vous proposons cet été de vous poser avec un livre (ou une liseuse si vous ne pouvez décidément plus vous passer d’un écran) et de voyager en littérature. Chaque semaine jusqu’à la mi-août, la sélection d’un de nos critiques. Pour commencer, un polar.
L’auteur de Triple Crossing est aussi journaliste d’investigation. À ce titre, Sebastian Rotella a été amené à enquêter sur les milieux de la police, de la justice, des migrants illégaux et des mafias d’Amérique du Sud. Un travail qui s’est déroulé sur la frontière mexicaine mais aussi dans une zone frontalière bien particulière, la Triple Frontière, un espace de quelques dizaines de kilomètres qui s’étend entre le Brésil, l’Argentine et le Paraguay. C’est dans ce cadre, propice à tous les trafics, et dans ce milieu où la violence est monnaie courante que se déroule son roman.
Rotella met en scène un jeune policier qui, après avoir enfreint la loi, se retrouve embarqué parmi des trafiquants et des flics corrompus. Tout en gardant le contact avec une sorte de police des polices, mêlant officiers mexicains et américains, qu’il est chargé de renseigner afin de faire tomber le gros bonnet dont il a intégré la garde rapprochée. Cela ne va ni sans mal ni sans danger : il risque d’être démasqué à tout moment, notamment parce que sa mission se trouve contrecarrée au plus haut niveau politique.
L’intrigue est ficelée avec le plus grand art, tant du point de vue des événements qui s’enchaînent que de la psychologie des personnages. Elle introduit de surcroît une réflexion, admirablement ancrée dans le réel, sur les failles de notre société mondialisée, particulièrement visibles dans ces zones où trafic, corruption et terrorisme se mêlent étroitement.
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Triple Crossing, de Sebastian Rotella, éditions Liana Levi, 2012.