La saison est propice, nous vous proposons cet été de vous poser avec un livre (ou une liseuse si vous ne pouvez décidément plus vous passer d’un écran) et de voyager en littérature. Chaque semaine jusqu’à la mi-août, la sélection d’un de nos critiques. Cette semaine, honneur à l’actualité et place au sport.
Philosophe normalien, romancier (son premier roman, La Meilleure Part des hommes, a obtenu le prix de Flore en 2008), essayiste polymorphe, grand amateur de science-fiction et de séries télévisées, Tristan Garcia est également un observateur avisé de la geste sportive. En cet été riche en compétitions, il est donc tout à fait indispensable de se pencher sur son récent recueil de nouvelles, consacré à cette immuable matière à légendes.
À légendes et à petites histoires, car c’est ce qui intéresse l’auteur, le temps de courts récits fictionnels. Son titre, En l’absence de classement final, dit d’ailleurs très bien qu’il n’est pas tant ici question de résultats que d’efforts et d’obstacles.
Chaque nouvelle conte le destin d’un sportif dans une discipline particulière et un pays différent, offrant pièce par pièce une vue d’ensemble sur la difficulté d’être sportif, que l’on soit une handballeuse cubaine lesbienne, un coureur de fond algérien martyrisé par ses adversaires, un lutteur ouzbek ou un sauteur en longueur belge à la recherche, non pas de la performance, mais du saut parfait.
Drôle, parfois grotesque, souvent émouvant, En l’absence de classement final n’est pas sans rappeler le Courir que Jean Échenoz consacra à Emil Zátopek. À ceci près qu’ici tous les sportifs sont fictifs. Mais pas ce qui les anime.
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En l’absence de classement final, de Tristan Garcia, éditions Gallimard, 2012.