La figure de Dom Juan continue de fasciner les metteurs en scène et les spectateurs. Mais le regard que l’on pose sur ce personnage a changé. Il est plus dubitatif.
Après le magnifique Dom Juan interprété par Laurent Lafitte et mis en scène par Emmanuel Daumas avec la troupe de la Comédie-Française, que l’on avait pu voir la saison dernière aux Célestins, c’est au tour de Macha Makeïeff de s’attaquer au mythe du “grand seigneur méchant homme”.
Elle présentera en effet sa lecture de Dom Juan, au TNP, du 9 au 22 mars. Dans notre ère “post #metoo”, à une époque où il devient difficile de distinguer ce qui relève de la séduction de ce qui relève de l’agression sexuelle, le personnage d’irrésistible tombeur que Molière présenta au public en 1655, au Palais-Royal, dans une comédie en cinq actes alors titrée Le Festin de pierre, continue de fasciner. Mais le regard que l’on pose sur l’homme a profondément changé. C’est justement le reflet qui nous parvient de lui, plus de trois siècles et demi après sa création, qui intéresse Macha Makeïeff.“Pourquoi transgresse-t-il toutes les lois ? Qu’est-ce que le mal, d’une époque à une autre ? Qu’est-ce que le mâle ?”
Parce qu’elle y voit aussi l’occasion d’interroger la place du féminin et des femmes sous l’Ancien Régime. Et, ainsi, par effet de contraste, de poser la question “Où en sommes-nous de la séduction, du désir, de la prédation ?”
Celle que l’on identifie encore comme la créatrice des Deschiens (avec son complice Jérôme Deschamps) entend nous confronter à “un Dom Juan traqué, au bout du rouleau, très fatigué, très interrompu et très frustré”. Elle se demande : “Pourquoi transgresse-t-il toutes les lois ? Qu’est-ce que le mal, d’une époque à une autre ? Qu’est-ce que le mâle ?”Le rôle-titre sera confié à Xavier Gallais, comédien fidèle de la troupe de Macha Makeïeff puisqu’il incarnait Tartuffe dans sa mise en scène, présentée la saison dernière au TNP. Tandis qu’Irina Solano donnera à Elvire tout son éclat et que Vincent Winterhalter interprétera Sganarelle, étrange valet parfois capable de dominer son maître.
Dom Juan – Du 9 au 22 mars au TNP
