Drapé et autres expos à voir à Lyon en décembre

Dépoussiérage d’un sujet académique au palais Saint-Pierre, renversement de standard au Goethe Institut, lieux infinis aux Halles du Faubourg… Ne vous fiez pas aux intitulés, allez voir, vous reviendrez peut-être… emballé.


Dépoussiérage au musée des Beaux-Arts

Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson – Étude de draperie pour scène de déluge, 1806. Mine de plomb et craie blanche sur papier beige © C. Clos / Musée d’arts de Nantes
Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson – Étude de draperie pour scène de déluge, 1806. Mine de plomb et craie blanche sur papier beige © C. Clos / Musée d’arts de Nantes

S’il est un sujet académique par excellence, le drapé pourrait manquer cruellement de fantaisie. Pourtant, à partir d’une sélection de plusieurs œuvres de belle facture de sa collection, le musée des Beaux-Arts de Lyon réussit le pari de dépoussiérer cet objet iconique. Ainsi, aux côtés d’études de Dürer, Michel-Ange, Le Brun ou Degas, la présence d’œuvres plus contemporaines (photographies de Man Ray et Mathieu Pernot, “emballages” de Christo) contribue à mettre en évidence la fascination authentique de plusieurs générations d’artistes pour la fugacité du tissu, entre présence du corps, lumière et mouvement.

Drapé – Du 30 novembre au 8 mars au musée des Beaux-Arts

–> Nocturne “Draper le corps en mouvement” avec Joana Schweizer le 3 janvier (réservation à partir du 4 décembre)


Figures désirables au Gœthe Institut

Vue de l’exposition Hommes/Männer d’Anke Doberauer © A, Doberauer / Kunsthalle Düsseldorf
Vue de l’exposition Hommes/Männer d’Anke Doberauer © A, Doberauer / Kunsthalle Düsseldorf

Michel, Felix, Leo, Mounir… Loin de rendre anonyme cet ensemble de figures masculines grandeur nature, Anke Doberauer interroge le rapport intime et charnel entretenu par le peintre avec son sujet et la posture de voyeur du regardeur. Empreint de féminité par une posture – serviette relevée pudiquement sur le haut du buste – ou une tenue – robe de bal meringuée, nudité assumée –, chacun des personnages incarne élégamment le renversement du standard de l’artiste homme représentant un corps désirable. À travers cette série de toiles, la portraitiste allemande mêle ainsi érotisme androgyne et esthétique 90s, époque à laquelle les tableaux ont été peints.

Anke Doberauer / Hommes – Du 6 décembre au 31 janvier au Goethe Institut (Lyon 2e)


“Que le bleu de Prusse jaillisse” à la galerie Tator

Florian de la Salle – Insolants, 2017. Cylindres de porcelaine © Musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux
Florian de la Salle – Insolants, 2017. Cylindres de porcelaine © Musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux

Sous leur apparence un peu sage, les œuvres de Marie Clérel et Florian de la Salle invitent à la contemplation et à une méditation poétique. Insola(e)nts, tous deux le sont, jouant aux apprentis sorciers, capturant la lumière solaire pour l’une et l’incandescence du four à céramique pour l’autre. Toutefois, si l’expérience de leurs multiples nuances de bleu est séduisante, elle peine un peu à nous extraire des rigueurs hivernales.

Insolants – Du 29 novembre au 24 janvier à la galerie Tator (Lyon 7e)


Sans frontières aux Halles du Faubourg

Des milliers d’ici – Atlas de lieux infinis © Adrien Pinon / Halles du Faubourg
Des milliers d’ici – Atlas de lieux infinis © Adrien Pinon / Halles du Faubourg

N’en déplaise aux tatillons qui relèveront le fait qu’un lieu est, par définition, une portion déterminée de l’espace, les Halles du Faubourg présentent un panel tentaculaire de “lieux infinis”. Établi avec le concours des visiteurs lors d’une précédente exposition à Venise, cet ensemble de sites, ruraux comme urbains, naturels comme architecturaux, est donc davantage le fruit d’une vision poétique optimiste que d’une véritable recherche sémantique. Ouverts sur le monde, points de rencontre et d’échange, espaces de réflexion, centres névralgiques du collectif en somme, les “lieux infinis” se conçoivent comme ils s’énoncent, des espaces aux frontières abolies.

Des milliers d’ici / Atlas de lieux infinis – Jusqu’au 29 décembre aux Halles du Faubourg (Lyon 7e)


[Sélection extraite du cahier Culture de Lyon Capitale n° 794 – Décembre 2019]

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