Du slam pour libérer la parole

Reportage - Organisé tous les deux ans par l’association "Dans tous les sens", le Festival " Ecriture hors les murs" s’installe à Vaulx-en-Velin jusqu’au samedi 21 mai. Ateliers d’écriture, d’art postal, de graff mais aussi expositions de lettres, de mémoires, partage poétique et récits de retrouvailles. Tous enrichissent le programme de cette nouvelle édition. Retour sur un après-midi au rythme de prestations multilingues entre lycéens et slameurs professionnels.

"Découvrir le slam c’est comme se faire greffer un cerveau d’échange", les quatre slameurs de la Tribut du Verbe prennent les micros et mettent l’ambiance. Ce mercredi, face à une cinquantaine de jeunes du lycée Doisneau, sur une petite place, derrière l’Hôtel de ville de Vaulx-en-Velin, ils sont à l’aise. Ils enchainent les proses, cadencent leurs mots et interprètent les textes avec rythme et prestance.

Des nouvelles portes d’expression

Ce qui ne laisse pas indifférents les élèves de 2nde et de 1ère assis au premier rang, les yeux écarquillés. Après leur avoir donné quelques petites astuces lors des ateliers de slam organisés par le lycée, les membres de la Tribut du Verbe ont finalement accompagné les jeunes jusqu’au Festival, les incitant à prendre la parole en public et rendre vivants leurs premiers écrits slamés. Parmi les plus timides, un garçon n’ose pas franchir le pas mais souhaite faire savoir, à travers la voix de l’un de ses professeurs "que le monde pour lui ne tourne pas rond".

D’autres, plus désinvoltes, souhaitent partager leurs textes et s’expriment librement, sous le regard satisfait de leurs enseignants. "J’ai choisi de les faire travailler sur l’ "Enfer" de Dante, texte à partir duquel chaque élève a pu libérer son imagination. C’est un projet ambitieux qui leur ouvre des nouvelles portes d’expression", explique l’enseignante Julie Qeunehen. " Les jeunes aiment jouer avec les mots. Nous essayons de les sensibiliser à l’écriture, un acte poétique et citoyen en même temps. Au départ il y a une démarche de groupe. Puis, petit à petit chacun s’approprie son texte, raconte son histoire, libère ses émotions ", continue Jean–Philippe Ferrière, professeur de français et option théâtre.

"Trouver ou retrouver ses propres gestes"

Difficile de ne pas se laisser emporter par l’élan de certains textes. Pour ces jeunes les langues étrangères ne sont pas un obstacle. Anglais, allemand, italien. Non seulement ils essaient de slamer, mais en plus ils le font dan une langue qu’ils ne maîtrisent pas complètement. Cependant, le résultat est plus que remarquable. Les opinions ressortent, les états d’âme sont palpables. Les messages percutent. "Il y a un effort, une volonté, du travail mais pour ces jeunes le besoin de s’exprimer prime par-dessus tout ", remarque Kaféclem, slameur de la Tribut du Verbe

Si la plupart d’entre eux ont découvert le côté ludique de l’écriture sans se poser trop de questions sur la suite de leur démarche, Robert Dextre, écrivain et animateur depuis 15 ans de l’association organisatrice " Dans tous les sens" se dit enthousiaste d’accueillir toute sorte de sensibilité liée à la plume. "Tout le monde ne vient pas forcément des grandes écoles. Les talents parfois sont très bien cachés et nous sommes contents de les découvrir lors de ces événements. Ici, il n’y a pas de règle précise. Chacun fait ce qu’il souhaite, comme il le souhaite", s’exclame-t-il. Avant de continuer: "L’écriture a plusieurs langages, il s’agit de prendre conscience de ses lignes fortes, de trouver ou retrouver ses propres gestes". "Cela doit, avant tout, être un vrai plaisir ", conclue-t-il.

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