Le festival des Nuits de Fourvière s’est terminé en beauté lors de cet “éclat final” du 30 juillet, entièrement organisé par le CMTRA (Centre des musiques traditionnelles Rhône-Alpes). L’orage n’a pas empêché les spectateurs de danser toute la soirée et de profiter du dernier concert du festival.
Démarrage en fanfare avec Eyo’nlé Brass Band, un ensemble originaire du Bénin, qui a accueilli le public dès l’ouverture du site. Un avant-goût chaleureux de la soirée organisée par le CMTRA (Centre des musiques traditionnelles Rhône-Alpes), qui met à l’honneur la musique du monde et le patrimoine oral depuis plus de vingt-cinq ans.
Le pays qui n’existe pas avec le Sahra Halgan Trio
Arrive ensuite Sahra Halgan, une chanteuse originaire du Somaliland, un pays qui… n’existe pas. Situé au nord de la Somalie, l’Etat, indépendant depuis 1991, n’est à ce jour reconnu par aucune instance internationale. La chanteuse raconte dans ses créations ce besoin de liberté qui l’a poussée à s’engager très jeune dans la guerre d’indépendance du Somaliland, en tant qu’infirmière et artiste, avant de s’exiler en Europe afin de fuir les violences.
Elle fonde son trio après avoir rencontré les musiciens français Aymeric Krol et Mael Saletes à Lyon, là où elle a vécu près de vingt ans. Aujourd’hui, la chanteuse vit à Hargeisa, capitale du Somaliland, et se bat pour la reconnaissance de son pays.
C’est une musicienne pleine d’humanité qui a chanté hier soir face au public du grand théâtre de Fourvière. Elle offre à tous, avec générosité, la puissance de ses mélopées qui disent à la fois la déchirure et l’espoir d’un peuple, puis s’en va, avec humilité et un immense sourire qui illumine son visage.
Pas de maloya sans Danyèl Waro
Le maestro du maloya est de retour aux Nuits de Fourvière après cinq ans d’absence. Cette musique des esclaves des plantations est en quelque sorte le blues de la Réunion. Danyèl Waro perpétue cette tradition musicale qui fait partie de l’identité des Réunionnais. Artiste très influent, le poète créole est à l’origine d’un renouveau du maloya dans l’île et de sa reconnaissance en France. Avec son groupe, il ne rate pas son entrée : les tambours traditionnels font immédiatement vibrer l’ensemble des spectateurs. Le ton est donné, le poète réunionnais est là pour faire danser et pour offrir de l’énergie.
Il chante notamment Batarsité, qui signifie littéralement "bâtardise". Mais ici le mot ne prend pas une connotation négative, bien au contraire. Danyèl Waro, à travers cette musique, veut rendre hommage au métissage présent à la Réunion, qui est à l’origine de l’identité et de la culture unique de l’île. "Chaque Réunionnais renferme en lui plusieurs origines, il ne peut donc s’associer à une catégorie particulière : on ne peut pas affirmer être africain, chinois, indien ou européen. Nous possédons tout cela à la fois !" explique-t-il.
Orage en provenance d’Amérique latine avec Celso Piña& Kumbia Boruka
Le célèbre accordéoniste mexicain Celso Piña est une référence en matière de cumbia. Avec Kumbia Boruka, il prend le devant de la scène, accompagné de sa troupe de musiciens endiablés. Les spectateurs assis dans les gradins se lèvent pour danser sur les rythmes de la cumbia colombienne, celle qui se danse dans les quartiers populaires de Monterrey, la ville mexicaine dans laquelle a grandi l’accordéoniste.
Malheureusement, pour cette dernière partie du concert, une pluie torrentielle s’abat sur le théâtre, tandis que le tonnerre fait écho à la fièvre des musiciens. Les plus courageux des spectateurs resteront, habillés de leurs ponchos colorés, pour danser lors de ce grand “éclat final”, sous les éclairs du ciel.
article trés interressant.