Entretien avec le groupe Bloc Party Gonflés à Bloc

Loin des éphémères groupes pop d'Outre-Manche, leur rock synthétique est resté intact. Il continue à frapper au sens propre comme au figuré, dans les sons comme dans les mots, entre drames quotidiens et psychose sécuritaire.

Fort logiquement le concert de ce lundi soir au Transbordeur, affiche complet de puis 10 jours.

Rencontre avec Gordon Moakes, bassiste et co-auteur du groupe avec Kele Okereke.

Lyon Capitale : Sur la scène rock anglaise, on voit beaucoup de groupes qui sortent un tube, un album et qui disparaissent apres le succès... Est-ce si difficile de confirmer, d'échapper à la pression du deuxième album?
Bloc Party : Le truc c'était de se prouver que nous étions encore capables de produire et de créer quelque chose de nouveau après Silent Alarm. Mais pour être créatifs, il faut se donner le temps, ne pas faire de plans et se disant : ''Faut que je fasse tel ou tel truc pour que ça marche''. Il faut surtout prendre le temps de sortir des sentiers battus, des limites de son propre style. Etre créatif c'est aussi s'enfermer dans une pièce et faire une tonne de bruit.
Après, il faut rester concentrer sur ce qu'on veut faire. On savait quelles évolutions on voulait apporter à notre musique, on avait déjà des chansons finies. Et puis, on a pris le temps d'écrire pour être plus expansif sur ce qui nous touche, nous influence.

Justement, vos influences quelles sont-elles ? On vous colle facilement l'étiquette du groupe de rock nostalgique de la new-wave des années 80...
Personne n'échappe aux références. La manière dont tu composes, dont tu joues, fais toujours penser à tel ou tel truc. Et puis on se nourrit tous de ce qui existe déjà.
Personnellement, j'écoute pas mal de music club des années 90, de la musique électronique et tout sorte de rock. Ca part un peu dans toutes les directions.
La violence extrême que l'on retrouve dans les romans de Bret Easton Ellis (American psycho, Les lois de l'attraction) ou les films de Stanley Kubrick nous a aussi grandement influencé.

Sur le morceau Hunting for witches, vous parlez de bombes qui explosent dans les bus et d'avions qui se crashent dans les tours. La faute à une société bouffée par les médias et qui organise une chasse aux sorcières permanente. Cette album est-il une psychanalyse de notre société ?
Le point de départ de cet album était de parler des choses qui nous touchent, nous affectent. Tu ne peux vraiment pas passer à côté de ce qui se passe dans ta ville. Les attentats du 7 juillet 2005 à Londres, c'est un évènement majeur qui a vachement remué la ville. Ça fait partie de notre vie, de la vie des gens. On parle de ce qui nous angoisse, nous révolte. Ces attaques terroristes ont jeté comme un malaise dans la société londonienne. Tout le monde se méfie de tout le monde, les gens sont plongés dans une psychose sécuritaire qui les empêche de vivre.
Je pense que la société est malade. Certains te disent que c'est à cause de la cocaïne, d'autres à cause des embouteillages. Pour moi, ça n'a rien à voir. La ville est malade spirituellement, de l'intérieur. Les gens essayent d'être différents de ce qu'ils sont vraiment alors ils perdent une part d'humanité.

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