Stoppé dans son élan par la crise sanitaire et la biennale 2020 annulée, Grame, fort de sa nouvelle direction, fait feu de tout bois : une vaste programmation répartie sur la saison qui démarre ce week-end, des velléités sur un lieu permanent de création et de diffusion. Nous faisons ici le point avec Sebastian Rivas, co-directeur de l’institution.
Nommé directeur (en binôme avec Anouck Avisse) de Grame il y a deux ans, Sebastian Rivas reste un peu sur sa faim suite à l’annulation de sa première biennale rebaptisée B!ME (nouvelle appellation de “Musiques en scène”). Mais le plus important est à venir puisque, fort de sa casquette de compositeur ayant beaucoup travaillé sur les formes pluridisciplinaires, ce Franco-Argentin de 45 ans compte bien poursuivre son action au-delà d’un simple relooking. Quelle place pour des formes hybrides ayant parfois du mal à trouver leur place ? Par quel moyen aller à la rencontre de nouveaux publics ? Les conséquences de la crise sanitaire, un nouveau lieu pour Grame : autant de questions que nous abordons avec lui.
Lyon Capitale : Sebastian Rivas, parlez-nous de la programmation pour la saison à venir ?
Sebastian Rivas : C’est une saison un peu spéciale qui va consister en grande partie en des reports de manifestations qui auraient dû avoir lieu pendant la biennale B!ME. Le premier axe est la relation de ces musiques contemporaines avec le répertoire, il s’illustre notamment à travers notre implantation à l’Auditorium et la musique orchestrale mais également au travers de spectacles comme Papillon noir, un concert-lecture sur des textes de Yannick Haenel mis en musique et lus par Charles Berling.
Je me suis surtout concentré sur la manière d’activer l’écoute du public. Cela peut prendre des formes diverses comme l’hybridation des spectacles à mi-chemin entre plusieurs médias, des formes qui créent du lien, des formes performatives à destination de publics ciblés comme les enfants par exemple… Le mot “exploration” (qui se substitue à “contemporain”) part de l’idée de revoir le rapport au public.
Un troisième axe se dessine autour du concept d’“instruments augmentés”, détournés de leur utilisation traditionnelle voire bricolés à la manière du “do it yourself” pour en tirer de nouveaux sons comme une sorte d’utopie permettant de se réapproprier certains gestes institutionnels.
Quelles ont été pour vous les conséquences de la crise sanitaire ?
Cela nous a permis de questionner nos pratiques : est-il finalement sensé de faire venir des gens de très loin pour une jauge modeste ? Il y a une grande responsabilité des acteurs culturels en ces temps où la dimension écologique doit être prise en compte. Cela implique une grande réflexion sur la façon dont on produit. Les jauges réduites nous ont également poussés à nous tourner vers la nécessité de diffusions audio et visuelles de grande qualité dans le cadre de retransmissions numériques. Cela suppose davantage d’équipements, de serveurs, de bande passante…
N’y a-t-il pas une contradiction ici avec les préoccupations écologiques : relocalisation d’une part et recours à des moyens bien plus énergivores de l’autre ?
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