Présenté en création mondiale à l’opéra de Lyon, Shirine est le deuxième opéra de Thierry Escaich : une féerie persane sur un livret de l’écrivain et cinéaste Atiq Rahimi.
La légende de Shirine et Khosrow prend sa source dans une épopée tragique du poète Nizami au XIIe siècle, fondatrice de la culture iranienne préislamique. S’emparant du mythe, le romancier, Goncourt 2008, et cinéaste franco-afghan Atiq Rahimi bâtit une fresque épique s’étendant sur trois générations aux mille péripéties.
Jeu de rivalités
Reine du royaume d’Arménie, Shirine incarne le visage de la femme libre. Figure de pouvoir assumant pleinement son corps – elle n’hésite pas à se baigner nue –, ni l’amour ni l’adversité ne semblent l’affaiblir. Le tragique découle de sa beauté qui lui vaut nombre de prétendants, tous épris d’elle, et notamment le valeureux prince Khosrow, devenu roi – dont Shirine tombe amoureuse du portrait –, qui veut l’enfermer dans son harem et prend femme dès qu’elle résiste ou se refuse à lui. Ce jeu de rivalités causera hélas un enchaînement de drames jusqu’au suicide de la belle aux accents shakespeariens.
À la fois réflexion sur la liberté de la femme et sur le rôle de l’“image”, de la représentation, l’opéra Shirine s’affranchit d’un orientalisme grossier et s’inscrit dans la modernité.
Certaines couleurs inspirées de la musique iranienne traditionnelle
Bien connu des Lyonnais, l’organiste star, régulièrement invité dans la capitale des Gaules, jouit également d’une sérieuse réputation en tant que compositeur. Ses talents de mélodiste et de coloriste en font un compositeur certes contemporain, mais au langage accessible et communicatif.
Shirine est son deuxième opéra, après Claude, donné à Lyon en 2013. On y entendra, contexte oblige, certaines couleurs inspirées de la musique iranienne traditionnelle que le compositeur distillera d’une manière habilement stylisée. La mise en scène de Richard Brunel nous plongera dans une “féerie” accentuée par l’usage de la vidéo de Yann Philippe, illustrant les réflexions de l’œuvre sur le rôle de l’image.
Côté direction, Franck Ollu sera présent à la tête de l’orchestre de l’Opéra de Lyon en compagnie d’une brochette de jeunes et talentueux solistes tels Jeanne Gérard dans le rôle-titre ou Julien Behr pour Khosrow.
Shirine – Du 2 au 12 mai à l’opéra de Lyon