Pour cette 6e exposition collective, la Taverne Gutenberg a invité plus de 30 artistes à réfléchir à la multiplicité des individualités et à l'individu dans la société mondialisée. Alors que la tentation du repli sur soi se fait de plus en plus forte, l'exposition laisse la place au dialogue entre les cultures et les différents univers artistiques.
La Taverne Gutenberg est un lieu hybride. A la fois café-galerie et résidence artistique, cet espace ouvert en septembre 2015 par Maïa d’Aboville et Henri Lamy se veut avant tout propice à la création et aux rencontres. "L'objectif était de créer un espace de vie, dans un esprit de partage", résume Romain, le commissaire de l'exposition.
Dans ce vieil immeuble du quartier de la Guillotière, les expositions collectives se succèdent mais ne se ressemblent pas. Régulièrement, le lieu se réinvente entièrement. "Chaque recoin, mur, sol, et plafond des anciennes chambres et pièces sont recouverts de fresques, d’installations et d’œuvres d‘art en tout genre", raconte l'équipe.
Une réflexion autour des échanges culturels
Pour cette 6e édition, le thème n'a pas été choisi au hasard. "Dans le contexte politico-diplomatique que nous connaissons actuellement, il paraît nécessaire de traiter des échanges artistiques et culturels", peut-on lire dans la présentation. La première rangée de marches a ainsi été recouverte d'une œuvre de Patrick Garbit. Une fresque de vagues de toutes les couleurs, qui "se brassent et se mélangent entre elles", raconte-t-il.
"L'exposition cherche à montrer la manière dont l'art puise dans la diversité pour évoluer", explique Romain. Le travail de Khwezy Strydom, d'origine sud-africaine, est par exemple composé de lettrages et de motifs puisés dans différentes cultures africaines ou sud-américaines. Réinterprété par lui, les symboles prennent alors un aspect futuriste.
Penser la multiplicité
De manière plus générale, "Équation multiple" pense la multiplicité des individualités dans un monde globalisé. "Le mot “équation” symbolise l’être humain dans son ensemble, quant au terme “multiple”, il fait référence à la complexité de l’homme, de ce qui le compose de manière consciente et inconsciente." L'installation de Daphna Weinstein, artiste d'origine israélienne, est faite de petits bouts de papier tournant dans des bocaux en verre. Chaque papier vient d'un pays différent et fait un son particulier. Ensemble pourtant, ils laissent l'impression d'un son continu et d'une certaine harmonie.
Apporter un regard critique
L'exposition est aussi l'occasion de porter un regard critique sur le monde. Certains ont une vision plus amère de la société mondialisée. Ironiquement, David Proux, artiste de la Croix-Rousse, présente une sérigraphie du général Faidherbe, administrateur colonial, sur du wax sénégalais. 3YONE part lui de son vécu. Fils de pêcheur péruvien, son installation de xylographies sur bois raconte la mort de la pêche traditionnelle face aux grandes industries.
L'exposition est visible jusqu'au 26 février, au 5 rue de l'Epée.