La fondation Bullukian expose Raphaëlle Peria qui crée un manifeste poétique sur la nature à partir de photos et avec une technique fascinante de grattage du papier.
Dérives de nos rêves informulés nous plonge dans l’univers sensible et poétique de la jeune artiste Raphaëlle Peria. Axant sa recherche sur la nature, les arbres, les écosystèmes fragilisés, elle crée des œuvres à partir de photographies prises avec son portable dont elle retravaille les clichés avec une technique de grattage impressionnante.
Ainsi, en utilisant différents outils – gouges, fraiseuses et pointes sèches –, elle soulève le papier couleur à différents endroits, laissant apparaître le blanc (couleur de l’oubli selon l’historien Michel Pastoureau), sublimant la photo par le relief qui fait émerger des touches de lumières et nous donne à voir une nature incroyablement vivante.
La photo, qu’elle juge trop lisse, ne l’intéresse pas en soi. Elle l’utilise comme un support qui lui permet, à travers le grattage, d’exprimer les sensations dont elle se souvient longtemps après l’avoir prise face à un paysage, à ces arbres qu’elle perçoit comme des êtres vivants, porteurs de mémoire : “Tout ce que j’efface, dit-elle, est ce que j’ai oublié !”
L’œuvre choc de cette exposition est certainement Le Miroir de nos illusions, immense et magnifique paysage de forêt avec un étang qui allie peinture, photos et grattage, rappelant Les Nymphéas de Claude Monet, où elle réinvente une nature nécessaire à notre respiration et nos émotions.
D’autres aspects de son travail sont montrés comme les céramiques qu’elle gratte avant la cuisson et l’herbier, exposé sur trois murs, constitué de pages de différents livres (tel Les Fleurs du mal de Baudelaire) sur lesquelles elle pose une fleur, une plante. On y lit des mots qui saisissent la poésie du monde, aussi intemporels que les fleurs séchées. Plus loin, elle s’approprie Le Murmure, livre du poète et écrivain Christian Bobin, ode à la vie et à l’amour envers et contre la mort, gravant sur la page de couverture des fleurs et une rivière…
Dérives de nos rêves informulés - Raphaëlle Peria – Jusqu’au 4 janvier 2025 à la fondation Bullukian – bullukian.com