La galerie Françoise Besson accueille Guénaëlle de Carbonnières pour une première exposition personnelle : Au creux des pierres, les plis du temps. Une très belle œuvre autour des vestiges antiques et de la mémoire collective !
Initialement formée en philosophie, agrégée et professeure en arts plastiques, diplômée en arts et médias numériques de l’université Panthéon-Sorbonne, Guénaëlle de Carbonnières (35 ans) vit entre Lyon, Mâcon et Paris.
Elle présente Au creux des pierres, les plis du temps qui révèle une pratique artistique mêlant photographie, gravure, dessin et installations, interrogeant la mémoire collective à travers l’archéologie et la notion de patrimoine.
L’exposition démontre son intérêt pour les vestiges antiques en péril qui s’est imposé en elle notamment avec la guerre en Syrie mais aussi en raison du réchauffement climatique qui les menace de disparition. Les œuvres présentées se posent sur une ligne entre apparitions et disparitions qui expérimentent, à la manière d’un archéologue, les strates d’un paysage, la profondeur d’une mémoire à la fois humaine et architecturale.
Manipulant aussi bien l’argentique que le numérique, elle crée de nouveaux paysages faits de superpositions d’images illustrant des morceaux de vestiges, dévoilant des univers fascinants faits d’entrelacements et d’incisions, symboles de destruction et de reconstruction, faisant exploser des mondes invisibles et différentes temporalités.
L’artiste joue sur les effets de lumière qui vont du noir au gris jusqu’au blanc et la transparence renforçant la vision poétique et fantasmagorique des paysages, laissant parfois couler la matière eau sur plusieurs d’entre eux.
Certaines œuvres nous donnent cette sensation étrange d’être un corps flottant d’où émergent des émotions qui nous reconnectent avec une mémoire enfouie, nous renvoyant aux strates qui construisent aussi nos histoires personnelles.
Des œuvres à la fois poétiques et politiques
Le visiteur pourra découvrir, entre autres, Captures fossiles, une série où chaque sculpture photographique est composée d’un fossile factice créé avec de la résine époxy, à l’intérieur de laquelle est englouti le négatif d’une photo illustrant un vestige antique factice, une miniature aquatique comme celles utilisées dans les aquariums.
Une manière ludique pour l’artiste d’évoquer les sites archéologiques sur les littoraux qui vont être submergés à cause du réchauffement climatique, créant dans le même temps les archives du futur avec un mélange de temporalité.
Creuser l’image est une magnifique série d’images de sites archéologiques syriens avant et après la guerre, recomposant de nouveaux paysages dans un jeu d’entrelacements, de duplications avec encres et gravure à la pointe sèche sur tirage argentique, rehaussé par la lumière qui sublime les contrastes et leur aspect fantomatique.
Une réflexion sur la guerre mais aussi sur l’image, détruite par les sillons créés avec la pointe sèche ou par l’envahissement des eaux.
À découvrir également, Blesser le miroir, une œuvre plus intime et très émouvante, constituée de petits miroirs qui explorent la mémoire dans un alliage de texte, négatif et jeu entre l’envers et l’endroit, ainsi qu’une œuvre sur voile du site de Palmyre en Syrie. À voir absolument !
Au creux des pierres, les plis du temps de Guénaëlle de Carbonnières – Jusqu’au 14 mai à la galerie Françoise Besson, Lyon 1er