Gérald Bortoluzzi invente des infantes ou des monstres, fait danser des silhouettes, propose des “alphabets diaboliques”… avec un mélange d’intelligence, d’impertinence et de raffinement. À découvrir dès aujourd’hui à Corbas.
Gérald Bortoluzzi connaît parfaitement l’histoire de l’art, l’art contemporain et s’y inscrit. Il n’en produit pas moins une œuvre radicale et personnelle, qui mêle art dit savant, art populaire, artisanat, main, cœur et esprit ; au fil des rencontres, “au fil du temps” : “Col tempo”.
Présences nécessaires
Gérald Bortoluzzi livre des saynètes qui racontent ses histoires, ses rêves et cauchemars, ses obsessions, ses exorcismes, ses convictions et ses doutes. Au “bout” du temps, il y a la mort qui l’interroge constamment sans en faire “le but”, que symbolise son horloge noire aux motifs légers et sa dent de sagesse. Pour s’en tirer au meilleur compte possible, entre ses enfers et ses paradis, il prend le parti de l’ironie, d’une dérision amoureuse, et celui du jeu. Un mélange d’intelligence, d’impertinence et de raffinement qui lui permet de continuer à s’amuser et à créer, en guise d’antidote au désespoir, avec une élégance de dandy. Dans cette épopée à la fois grave et ludique, parfois burlesque, il invente en trois belles salles des infantes ou des monstres, fait danser des silhouettes, propose des “alphabets diaboliques”, des “suites” et même des “poncifs”. Au départ, tout est dessin noir et blanc, à plat ou en volume, ombre et lumière, figé ou mobile. Ses “riens” sont des matériaux fragiles, semblant dérisoires, tels le papier cigarette, les os de seiche, le fil de fer, les cintres, les collants de femme…
Le savoir-faire de Gérald Bortoluzzi transforme l’ensemble et le détail en des œuvres précieuses. Il y a chez lui un vrai plaisir à la “fabrique” du travail, depuis sa conception mentale jusqu’à sa matérialisation et la visite dans l’atelier ou l’exposition. Chacune de ses “miniatures” est l’élément d’un temple dédié au bien “être”, au bien “vivre”, au plaisir où la couleur a parfois pris congé. Ses rêves dansent, ses visions sont des présences nécessaires, des visions de terre et de mère, des collages mentaux qui mettent à nu des possibilités ignorées ; cadavres exquis, cadavres sexy.