La réalité de la vie carcérale dans les ex-prisons de Lyon St-Paul et St-Joseph, c’est l’objet du travail artistique d’Ernest Pignon-Ernest avec le photographe Bruno Paccard. Ils y sont allés et ils témoignent, à la galerie AMRP jusqu’au 23 janvier.
En 1991, Daniel Syno avait pris l’initiative de “Complicités d’évasion”. Artistes, critiques, citoyens de tous horizons étaient allés à la rencontre des prisonniers pour des ateliers, débats, visites. En 1992, cela avait abouti à une exposition d’œuvres des artistes et des prisonniers à l’Elac, lieu consacré à l’art contemporain, également disparu. Ernest Pignon-Ernest en était. Déjà.
2015 : présent à la galerie AMRP, Ernest Pignon-Ernest témoigne de nouveau, en compagnie de Bruno Paccard, avec encres et photographies et dans la continuité du travail de Daniel Syno.
Le poids des murs et de l’histoire
Les bâtiments sinistres et cloaqueux des ex-prisons Saint-Paul et Saint-Joseph, le poids des murs, celui de l’histoire (Barbie, les résistants dénoncés par la milice d’extrême droite, torturés, enfermés, les femmes et les hommes du jour le jour), des tissus comme des linceuls, des barreaux, des suaires peints sur les murs, des ombres humaines alignées dessinées dans la cour… renvoient à la réalité terrible de la vie carcérale.
Un arbre de Noël en bouteilles plastique, une boule bleue de décoration de sapin pendue à un barbelé, des nus esquissés, des vestiges balancés d’une cellule à une autre, une poupée accrochée à une guirlande sinistre apportent, plus ou moins malgré eux, un peu de poésie et de vie positive.
Ernest Pignon-Ernest comme Bruno Paccard n’en rajoutent pas. Ils sont allés là. Ils ont vu, regardé. Ils témoignent. En noir et blanc. Pas un vivant, des images. Rien ne remplace la liberté, même des espoirs.
Ernest Pignon-Ernest & Bruno Paccard / Dans les prisons de Lyon – Jusqu’au 23 janvier, à la galerie AMRP (Pallade), Lyon 1er.
Attention : la galerie sera fermée du 27 décembre au 5 janvier.