De nombreux artistes de la région sont montés à Paris entre 1884 et 1914, en quête de reconnaissance. De façon historique et pédagogique, “Effervescence” au musée Paul-Dini présente leur quête esthétique. Il est encore temps de la découvrir, comme l’exposition sur le logo du musée de l’Imprimerie.
Les salons d’art parisiens étaient alors les uniques lieux de diffusion des productions des artistes régionaux, le plus souvent avec les exigences drastiques de l’État. Le musée Paul-Dini en a réuni soixante – peintres, sculpteurs, céramistes et dessinateurs – pour son exposition “Effervescence”. En 150 œuvres, celle-ci dresse le portrait de la France avant la Première Guerre mondiale (1884-1914). Une France rurale et catholique, “profonde”, avec les paysages vides d’humains de l’abbé Guétal, des scènes de genre, les scènes de village, dont une Leçon de catéchisme très réaliste et imprégnée de Jules Alexis Muenier, des Femmes de Plougastel ou Un enterrement de Charles Cottet. La différence des classes sociales se révèle au détour des nus académiques et intérieurs bourgeois peints par Paul-François-Marie Urtin, la Jetée de fleurs effervescente peinte par Jacques Martin ou le très solennel autoportrait d’Ernest Meissonnier, star de l’époque (avec Pierre Puvis de Chavannes) dont le musée des Beaux-Arts de Lyon donna une rétrospective en 1993.
L’âme et le voyage… jusqu’à aujourd’hui
L’exposition nous entraîne ensuite du naturalisme au symbolisme avec quelques “peintres de l’âme”, leurs œuvres allégoriques et une attirance pour la littérature et la musique. L’orientalisme, avec Migonney et à la suite de Delacroix, rappelle le goût du voyage et d’un monde fantasmé, mais également une présence du colonialisme. Les arts décoratifs sont bien représentés, sous l’influence de l’école de Nancy et de l’Art nouveau ; le Lyonnais Jean Carriès installe ses fours en Bourgogne, non loin de l’actuelle Fabuloserie, pour créer un monde fantastique ou modeler des portraits étranges. P. Paulin, Mars Vallett, Fix-Masseau ou un plâtre de Rodin donnent une belle place à la sculpture, hommage aux contemporains dont Monet ou Degas. Les femmes sont peu représentées, mais il y a l’épatante Émilie Charmy, déjà montrée ici. En revanche, le si subtil Émile Noirot est absent. Malgré quelques “modernes”, dont Jean Puy et Combet-Descombes, nulle trace d’une curiosité menant au cubisme (1908), à l’abstraction ou aux grands chambardements du début du XXe siècle. Et bien des œuvres paraissent aujourd’hui terriblement ou délicieusement datées. L’espace Cornil du musée prolonge l’exposition avec un focus sur nos contemporains, de Favier à Truphémus, Giorda à Ughetto, Marc Desgrandchamps à Hilary Dymond, et les superbes photographies de Véronique Ellena.
Effervescence fin de siècle – Les artistes d’Auvergne-Rhône-Alpes à Paris (1884-1914)
Jusqu’au 11 février au musée Paul-Dini (Villefranche-sur-Saône)
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Attention, derniers jours !
On s’apprête aussi à décrocher au musée de l’Imprimerie (mais surtout, en l’occurrence, de la Communication graphique). Prendra fin dimanche la première saison d’une série, annoncée comme annuelle, sur les logotypes. Ce premier numéro nous fait suivre la genèse du logo du musée, créé en 2014 par l’atelier de design Bureau 205 pour les 50 ans du musée. L’exposition montre comment Bureau 205 en est arrivé à un logo “mobile” plutôt que statique, à travers des documents de travail, des chartes graphiques et différents travaux.
Attention : logo !
Jusqu’au 11 février au musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique
Attention aussi : fermeture exceptionnelle de 12h45 à 14h15 vendredi 9