La fondation Bullukian accueille Destination de nos lointains, une exposition de François Réau, ancrée dans l’histoire textile de Lyon, révélant le dessin comme une trace qui est autant mémoire qu’oubli.
Artiste plasticien, formé notamment à l’École d’arts appliqués de Poitiers, François Réau explore, à travers le dessin (mais aussi des installations immersives), les mouvements du temps et de l’espace, les paysages, notre rapport à la nature.
Son travail remet en jeu le vocabulaire du dessin fait de traits, de lignes et de traces, creusant dans la matière la notion d’apparition et de disparition, cherchant à pousser ses limites pour le sortir de sa bidimensionnalité et nous donner la sensation d’être traversés par l’œuvre.
En résonance avec la 16e Biennale d’art contemporain dont le thème est la fragilité (mais aussi la résistance), il a conçu l’exposition en tenant compte de l’architecture de la fondation Bullukian, intégrant également l’histoire et la mémoire textile de Lyon.
Une plongée poétique et organique
On découvre ainsi une œuvre immense et magnifique (évoquant le métier à tisser), créée à partir d’un dessin matriciel scanné qu’il réinterprète sur une autre matière, une autre surface et qu’il met en mouvement. Cette pièce inédite est le fruit d’une collaboration passionnée avec La Turdine, une entreprise de teinturerie basée à Tarare utilisant des techniques d’impression à la fois traditionnelles et de dernière génération.
Le parcours de l’exposition est une plongée poétique et organique dans des paysages de nature avec des œuvres, d’abord figuratives, dont les jeux de lumière imaginés autour de nuances de gris nous relient à la terre et ses racines entremêlées. Il nous mène ensuite vers la représentation abstraite et vibrante du temps qui passe, que l’on voit s’écouler dans les interstices des traits dessinés.
Plus loin, on marche dans la terre humide, avec son odeur, ses végétaux, nous menant vers un champ aride où des tournesols brûlés par le soleil sont debout et résistent malgré tout. Sur le sol, des graines de tournesol sont dispersées, dans l’attente de se déployer, de donner naissance ou de s’effriter… Sur un mur blanc, on lit le poème de René Char, Destination de nos lointains, titre de l’exposition, évoquant la nature au travers d’une écriture radicale, que François Réau a transformé en fil d’Ariane. Il rend ici un hommage au poète mais aussi au résistant qu’il fut. Un fil symbole d’une exposition sensorielle dont l’univers fragile nous démontre que tout peut s’effondrer à n’importe quel moment…
Destination de nos lointains de François Réau – Jusqu’au 30 décembre à la fondation Bullukian