À gauche : Francisco de Zurbarán, Saint François d’Assise momifié debout, vers 1640 Lyon, musée des Beaux-Arts. Image À droite : Éric Poitevin, Sans titre, 2021 © Lyon MBA – Photo Alain Basset – © ADAGP, Paris, 2022

Exposition au Musée des Beaux-Arts : Éric Poitevin, un autre regard sur la peinture… avec la photo

Le musée des Beaux-Arts donne carte blanche pour la première fois à un photographe : Éric Poitevin, figure majeure de la photographie contemporaine française.

Exposée notamment au Frac Auvergne et à la villa Médicis à Rome, l’œuvre d’Éric Poitevin est marquée par plusieurs séries photographiques d’anciens combattants (1985), de religieuses (1990), de chevreuils tués (1993) ou de sous-bois (1995) qui démontrent un égal intérêt pour l’homme, l’animal et la nature.

Développant un travail qui reconsidère les genres de la peinture classique (nu, portrait, nature morte, paysage, vanité), il mène une réflexion photographique autour de la nature et du corps.

© Lyon MBA – Photo Martial Couderette – © ADAGP, Paris, 2022

Avec cette exposition, il propose un nouveau regard sur les œuvres d’artistes peu connus de la collection du musée (Lucas Cranach, Francisco de Zurbarán, Frans Snyders ou Odilon Redon…), les mettant en résonance avec ses propres photos.

Le parcours démarre dans ce qui pourrait être son atelier, posant d’entrée son approche de la photographie : prise de vue à la chambre et voile de visée, jouant du processus de la révélation, de l’apparition et de la disparition.


Ses immenses photos en noir et blanc jouent sur l’image surexposée ou sous-exposée, révélant un corps flottant qui s’affirme ou se retire


Les photos en noir et blanc de ce voile de visée (tissu qu’il pose telle une œuvre sur un socle une fois sa mise au point réalisée) font écho à la sculpture anonyme, Pleurant (seconde moitié du XVe siècle), d’une femme recouverte d’un voile, qui pleure et exprime une souffrance que l’on perçoit alors qu’elle est cachée.

Plus loin, on découvre des portraits contemporains de femmes nues, jeunes ou vieilles, qu’il révèle aussi nobles que cette femme dans le Portrait d’une noble dame saxonne (1534) de Lucas Cranach dont le corps serré et contraint est endimanché.

Dans la salle où se trouve le Saint François d’Assise momifié debout (1640) de Francisco de Zurbarán, il œuvre autour du mythe de saint François d’Assise, en lévitation, avec son regard vers le ciel. Ses immenses photos en noir et blanc jouent sur l’image surexposée ou sous-exposée, révélant un corps flottant qui s’affirme ou se retire.


Un parcours impressionnant


Le parcours se poursuit avec des paysages quasi immersifs, des natures mortes revisitées, aboutissant à son regard sur la peinture animalière.

Ainsi en écho à Oiseaux morts (1801) de Jean-Pierre-Xavier Bidauld, il présente une pluie d’oiseaux suspendus, objets trouvés ou morts que l’on refuse de voir et dont il révèle la splendeur comme s’ils étaient vivants.

D’autres photographies résonnent avec des peintures de chasse comme Chasse au sanglier (1720-1725) d’Alexandre-François Desportes qui l’amène à magnifier, telle une sculpture, la tête d’un sanglier, nous donnant également à voir la photo d’un cerf mort et allongé dans une pose incroyablement humaine…

Impressionnant par moments, le travail d’Éric Poitevin pose, à travers le prisme de la photo, un nouveau regard sur l’histoire de l’art et ce qui la relie au vivant. L’artiste est également présent dans l’exposition Une histoire de famille. Collection(s) Robelin au macLYON jusqu’au 10 juillet 2022.


Éric Poitevin. Invité – Jusqu’au 28 août au musée des Beaux-Arts, Lyon 1er


 

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