Les Archives municipales proposent une rétrospective passionnante qui exhale le travail sensible du photographe lyonnais Philippe Schuller.
Il fut l’un des fondateurs de l’agence Editing à Lyon, aujourd’hui représenté par Signatures, maison de photographes à Paris.
Avec cette exposition, Philippe Schuller nous dévoile trente ans de carrière au cours de laquelle il a effectué de nombreux reportages à travers le monde – Ukraine, Saint-Louis du Sénégal, Vietnam, Chine, Japon… – collaborant avec les plus grands magazines français et internationaux comme le New York Times International.
Structurée autour de thématiques, l’exposition dédie un espace à un reportage effectué en Ukraine en 1991 avec la journaliste Muriel Perrin, à la recherche de témoignages sur la grande famine déclenchée en 1933 par Staline. Fasciné par ce pays, il y retourne en 1993, saisissant une Ukraine populaire avec des portraits d’habitants, d’agriculteurs, révélant une architecture colorée qui nous surprend, comme par exemple l’université de Kiev peinte en rouge.
Son travail est animé par plusieurs recherches : la transmission par le geste, la main – il photographie les compagnons du tour de France dans la pratique de leur art – le corps – il photographie la danse à l’opéra de Lyon mais aussi le corps du paysan dans son champ. Dans sa série sur les courses hippiques à l’hippodrome de Villeurbanne (1980-1983), son sens du cadrage fascine par la manière dont la foule occupe l’espace. Puis, il y a le regard qu’il va chercher en premier pour construire le lien avec le sujet dont on a l’impression de partager l’histoire intime sans le connaître.
Sur les traces de la Première Guerre mondiale
Philippe Schuller photographie l’enfance, les paysans de Haute-Loire, les personnes âgées confrontées au désert médical et réalise, en 1983, un célèbre reportage sur la disparition de quarante commerces lyonnais.
Après avoir longtemps utilisé le noir et blanc, il s’est emparé de la couleur, à la manière d’un peintre, avec des nuances et des éclats surprenants, créant des images parfois irréelles ou surréalistes.
L’exposition s’achève par un travail qu’il est le seul à avoir accompli : chercher les traces de la Première Guerre mondiale, un devoir de mémoire. Entre 2001 et 2012, il parcourt tout le front français, puis entame un périple – Grande Belgique, Italie, Slovénie, Pologne, la Lettonie, détroit des Dardanelles, Turquie.
On découvre ainsi un vestige de tranchée et des abris dans les Dolomites, des sculptures créées par les soldats américains sur la pierre d’une carrière ou encore un obus soulevé par les racines d’un arbre… Déployée dans une belle et spacieuse scénographie, l’exposition est une invitation au partage, un voyage au cœur de l’émotion !
Philippe Schuller-Photographies – Jusqu’au 1er octobre aux Archives municipales de Lyon