en Turquie, dans l'un des plus grands studios du monde. Il en est revenu avec RunFast, un disque d'une rare efficacité grâce auquel la renommée pourrait venir.
Tous les groupes rêvent un jour du coup de fil d'un producteur providentiel sur le mode " c'est bon coco, j'te produis ton album, tu entres en studio demain". Même si ce producteur rêvé est plus souvent anglais ou américain que turc. C'est pourtant ce qui est arrivé à Fake Oddity, l'un des beaux représentants de la scène rock lyonnaise. Rien d'illogique là-dedans : le chanteur du groupe, Faik Sardag a grandi en Turquie et gardé quelques contacts à Istanbul, auxquels il présente régulièrement le travail du groupe, pour avis. " Un jour, Daghan Baydur, qui a créé l'équivalent turc de la Sacem, nous a appelés pour nous dire qu'il voulait produire notre prochain disque ", raconte Mathieu Destailleur, le bassiste du groupe. Contrat d'édition signé, le rêve laisse un temps place à la réalité. Les choses se tassent, des mois durant, que le groupe met à profit pour peaufiner ses nouveaux morceaux : " on a eu le temps de faire au moins trois ou quatre pré-prod' de l'album ", précise Faik. Puis deux jours avant Noël 2006, alors que le groupe n'y croit plus, le producteur appelle : " il nous a annoncé qu'il finançait tout et qu'on entrait en studio en février ". Et pas n'importe quel studio : le studio IMAJ, le plus important de Turquie, " l'un des plus gros d'Europe en terme d'équipement " argumente Matthieu. Inespéré pour ce qu'on appelle généralement avec condescendance " un petit groupe lyonnais " qui a soudain accès à des moyens quasi inaccessibles en France.
Orient Express
Février 2007 donc, direction Istanbul où Fake Oddity enregistre RunFast en onze jours. Un album plus abouti que le précédent mais qui conserve au groupe son goût de l'immédiateté et du son brut, entre urgence punk rock et déambulation progressive à la Doors. Un disque porté par la voix unique de Faik, propre à ravir les nostalgiques de la doublette Buckley-Morrison. Marché turc oblige, l'album contient même une balade dans sa langue maternelle arrangée et enregistrée en quelques heures. De cet album, le groupe attend beaucoup et pas seulement en Turquie : il bénéficiera en effet d'une distribution française via Discograph au prix d'un bel effort de Mediatone, l'organisateur de concerts reconverti en label pour Fake Oddity et La Mine de Rien. Mediatone qui travaille également à une distribution hors de nos frontières pour donner à ce groupe anglophone l'audience qu'il mérite : " En dix ans de concerts à Lyon, je n'ai jamais entendu quelque chose d'aussi intéressant que Fake Oddity, confie Eric Fillion de Mediatone, également manager du groupe. Si les Turcs n'avaient finalement pas donné suite, on aurait produit l'album nous-mêmes ". Derrière cette belle histoire, Lyon tient peut-être enfin avec Fake Oddity la locomotive qui manque à l'explosion nationale de sa scène rock. Celle de l'Orient Express...
Kevin Muscat
RunFast (Mediatone/Discograph), sortie le 1er septembre
Soirée de lancement de l'album, carte blanche à Fake Oddity le 9 octobre au Kao avec Prohom, Scalde, Triste Sire, Selar, Green Olive...